Xavier Gigandet faisait partie des noms suisses connus du ski mondial dans les années 80-90… Ce jeune homme originaire d’Yvorne était plutôt destiné à la vigne, mais c’est sur les pentes enneigées de Luan qu’il avait trouvé son autre vocation. Retour sur un palmarès de champion et une reconversion naturellement accomplie.
Pour comprendre le cheminement de Xavier, il faut poser le contexte à ses débuts. Il s’agit surtout d’une histoire de famille. Il raconte : *« Mon papa, avec quatre autres amis, ont construit le téléski de Luan dans les années 60. Il faisait ça bénévolement et travaillait en alternance dans son entreprise de machines agricoles dédiées à la vigne. Puis, lorsque mes parents ont acheté un chalet là-haut, tous les week-ends et les vacances, nous étions sur les skis à Luan. J’ai commencé à skier avec le ski club d’Yvorne ».

Gravir tranquillement les échelons.
Comme le petit Xavier allait bien sur ses skis, on l’a inscrit à ses premières courses, les OJ, puis gentiment il passe aux courses régionales. Rapidement, il a accès aux courses interrégionales, puis enfin au ski romand. « Jeune, j’étais plutôt bon, mais jamais vraiment devant… », sourit Xavier, puis poursuit : « Vers 14-15 ans, tout à coup, ça allait un peu mieux, j’étais dans les meilleurs Romands aux interrégionales ».
Il nous confie que, pour lui, la recette pour gagner n’est pas seulement qu’une question de performance : « À cet âge, il y a plein de paramètres qui interviennent, la morphologie, par exemple ». Le jeune skieur chablaisien passe en catégorie junior vers 15-16 ans, étape où, avec les courses internationales, il faut recommencer tout en bas : « Tu dois refaire tes gammes et tu essayes de monter tes résultats… », explique-t-il.

Accéder à la cour des Grands.
Mais Xavier n’est pas du genre à se laisser impressionner et, sans se prendre la tête, il continue de maintenir le cap et d’évoluer dans son sport. Il intègre les cadres C et B (Coupe d’Europe) : « Je faisais toutes les disciplines, mais vers 20 ans, je me suis orienté plutôt sur le Super G et la descente. Chaque saison, les choses avançaient, je n’ai jamais régressé et j’avais toujours la motivation. »
En 1987, le Vaudois expérimente les quelques difficultés du circuit de la Coupe du Monde et se tient plutôt entre les 30e et 40e rang : « C’était l’époque des grandes équipes, il y avait beaucoup de monde, nous étions souvent en sélection ».
Toutefois, il gagne la Coupe d’Europe de descente en 1988. Lors de ses quelques apparitions en Coupe du Monde, ses résultats progressent tout de même. Jeune adulte, Xavier n’a pas dit son dernier mot. Ainsi, en décembre 1989, il fait un Top 15 ce qui lui permet d’intégrer le groupe de coupe du monde jusqu’en 1998 !

Ce qui caractérise le Vuargnéran, c’est son côté pragmatique et posé : « Je suis plutôt tranquille, je ne ressentais jamais vraiment de pression. Je n’avais peut-être pas assez d’ambition, je prenais comme ça venait. Parfois, on a pu me reprocher que je n’avais pas mis tous les moyens pour arriver plus haut. C’était une époque où l’on forçait moins l’élitisme à tout prix ».
La reconversion…
Ce qu’il y a d’incroyable dans l’histoire de Xavier Gigandet, c’est que l’on dirait que son chemin était déjà tout tracé. « À 16 ans, j’ai eu l’opportunité de pouvoir faire l’apprentissage chez mon papa en tant que mécanicien sur machine agricole. La famille a beaucoup compté dans mon parcours. J’ai des parents formidables. »
Il explique qu’il a eu la chance de pouvoir toujours concilier études et sport, que même en loupant beaucoup les cours, il a pu passer les examens et obtenir son CFC, puis être engagé chez ses parents. « On ne vivait pas avec le sport, heureusement, je pouvais gagner un salaire complémentaire ». Il avoue : « C’était un peu destiné… L’avantage, c’est que je pouvais arrêter le ski de compétition d’un jour à l’autre, car j’avais un diplôme, un métier et une place de travail. Quand tu pratiques ton sport, tu peux être serein, car tu sais que tu as quelque chose après ».

Une nouvelle vie commence….
« Gigus » (de son surnom), se blesse au printemps 1996 (ligaments croisés) : « Après ça, je ne suis plus revenu au niveau d’avant. Je ne voulais pas terminer sur une blessure et j’ai tout donné pour reprendre la forme. Mais la motivation baissait un peu, je ne voulais pas continuer pour obtenir des résultats à tout prix. »
Au printemps 1998, il était temps de passer à autre chose. Comme une évidence, c’est le moment où son papa décide de prendre sa retraite. En 2001, Xavier, désormais ex-skieur pro., reprend la société familiale avec son frère.
Le mot de la fin.
« C’est important d’avoir du plaisir dans tout ce que tu fais. J’ai eu la chance de pratiquer le sport que j’aimais et aujourd’hui, j’ai la chance d’aimer mon travail. Je n’ai aucun regret. »
Entretien : Julia Delattre
Photos : Xavier Gigandet
* Une brochure sur le sujet vient d’être éditée et est disponible chez Marcel Gigandet à Yvorne.