Pour sa trentième édition, la course mythique entre Aigle et Leysin a une nouvelle fois tenu ses promesses. En ce dimanche ensoleillé, les coureurs se sont élancés à l’assaut des 1’650 mètres de dénivelé positif pour relier la plaine à la Berneuse, point culminant du semi-marathon de 21,1 km. Une épreuve exigeante, symbole d’un lien indéfectible entre sport, montagne et tradition.
Par David MERKEN
Victoire incontestée chez les hommes
Chez les hommes, Thibault De Rijdt, du Team Triathlon Braine, a littéralement survolé la montée. Parti prudemment depuis Aigle, il a creusé l’écart dès les premiers kilomètres, avant de s’envoler au-dessus de la station pour franchir la ligne d’arrivée en 1h59’06 », soit une allure moyenne de 5’38″/km — remarquable au vu du profil de la course.
Il devance David Janin (Leysin), solide deuxième en 2h00’18 », et Patrick Feuz (Lenk im Simmental), troisième en 2h00’29 ». Les trois hommes ont offert un duel d’altitude haletant, marqué par des relances sur les parties roulantes et une gestion millimétrée de la montée vers la Berneuse.
Course tactique et résistance chez les femmes
Côté féminin, la victoire revient à Vanessa Armelao (Gimel), qui s’impose en 2h42’32 » au terme d’une course régulière et stratégique. Avec une allure de 7’42 »/km, elle a su résister au retour d’Armelle Caillet (Evian Off Course), deuxième en 2h49’47 », et de Regula Hänni (LCZ), troisième en 2h50’30 ».
Podium – 21.1 km Femmes
Rang Nom Temps Club
1. Vanessa Armelao 2:42:32 » Gimel
2. Armelle Caillet 2:49:47 » Evian Off Course
3. Regula Hänni 2:50:30 » LCZ
Un 11,2 km féminin dominé par Joséphine Lambiel
Sur la distance plus accessible de 11,2 km, qui attire chaque année davantage de participants, Joséphine Lambiel (CA Vétroz) a pris le dessus avec autorité. En 1h00’37 », elle réalise une performance de premier plan sur un parcours vallonné et nerveux. Elle est suivie de près par sa coéquipière Delphine Mabillard (+33 ») et par Valérie Métraux (Leysin), qui domine la catégorie F2 en 1h04’30 ».
Chez les hommes, Martin Keohane (Leevale, Irlande) s’impose avec panache en 48’23 », devançant de plus de trois minutes Matiss Maury (Vionnaz) et Thomas Rakuschan (Triathlon Club Genève). À noter la brillante 4e place du jeune Natan Métraux, né en 2008, qui confirme qu’un futur de la course est déjà en marche.
Une verticale pour les grimpeurs
Nouveauté de ces dernières années, la course verticale de 4,33 km, véritable mur à gravir depuis la base des remontées mécaniques jusqu’à la Berneuse, a conquis les plus audacieux. Chez les femmes, Thibe Deseyn (Croc-Kil Leysin) s’impose en 38’17 », tandis que Clément Laurençon (Troistorrents) remporte la victoire masculine en 36 minutes nettes, dans un format où chaque seconde compte. Les écarts y sont plus marqués, mais l’intensité est maximale du premier au dernier mètre.
Un parcours toujours aussi redoutable
Du départ au cœur d’Aigle jusqu’à l’arrivée à 2’048 mètres d’altitude, le tracé n’a laissé aucun répit aux concurrents. Les temps intermédiaires témoignent d’une gestion de l’effort cruciale : De Rijdt atteint la Berneuse en 1h37’56 », avant de relancer brillamment sur les 5,6 derniers kilomètres pour conclure sous la barre des deux heures.
Une aventure humaine avant tout
Trente ans après sa création par Pierre Starobinski, la course Aigle–Leysin conserve intact son esprit : un hommage au territoire, un respect profond de la nature et une quête de dépassement personnel. Ici, pas de strass ni de paillettes, mais de la sueur, des regards solidaires et une passion intacte pour la montagne. Grâce à l’engagement d’une équipe organisatrice dévouée et d’une huitantaine de bénévoles, l’événement reste un modèle d’authenticité et de fidélité à ses valeurs. Chaque édition est le fruit d’un travail collectif patient, souvent silencieux, mais essentiel.
La force de cette course, c’est aussi la diversité des profils qu’elle rassemble : élites locales, coureurs amateurs, familles entières venues encourager au bord du sentier, et enfants rêvant déjà d’enfiler un dossard. Ici, chacun trouve sa place.
Et maintenant ?
Entre tradition et modernité, l’édition 2025 s’impose comme un tournant. Elle confirme l’attachement des coureurs à cette course de montagne unique, où chaque pas vers la Berneuse est un hommage à la nature, au territoire, et à ceux qui, depuis trois décennies, font vivre cette aventure humaine. Les années passent, mais l’esprit reste : celui d’un sport simple, sincère et profondément ancré dans les cimes.
© 2025 David Merken & Planète-Sports.ch – Texte, images et vidéos protégés.
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Ce reportage a été réalisé en toute indépendance, avec du temps sur le terrain, du montage, et une vraie passion pour le sport local.
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