En ce début de saison, Justin Murisier récolte les fruits d’un très long travail parsemé de blessures. La résilience et la persévérance sont ses leitmotifs.
Justin Murisier bonjour, comment ça va en ce début de saison ?
Ce début de saison se passe très bien : j’ai eu la chance de commencer sur les chapeaux de roues avec une victoire lors de la descente de Beaver Creek. Un tel résultat en début de saison m’aide à aborder les prochaines courses sereinement.
Parlez-nous de vos débuts dans ce sport et de votre parcours professionnel
Je fais du ski depuis l’âge de 2 ans et j’ai commencé la compétition vers 7 ans .
J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont toujours supporté sans jamais me pousser.
Je suis monté dans les cadres de Swissski à 17 ans et j’ai participé à ma première coupe du monde à 18 ans à Adelboden.
J’ai ensuite fait une saison complète de coupe du monde avant de me blesser à répétition.
Le chemin du retour à été très difficile.
Je suis finalement heureux d’avoir croché et d’être arriver à mes objectifs en réalisant un podium en slalom Géant à Alta Badia 2020 et maintenant une victoire en Descente à Beaver Creek .
Les chiffres de mes blessures.
J’ai subi 5 opérations du genou droit, opérations des deux épaules ainsi qu’une opération du dos .
Comment gérez-vous niveau mental les «grosses compétitions» ? Mental d’acier ou appréhension ?
Mentalement, chaque course est différente, et chacune présente ses propres défis !
En fonction de ma forme physique et de la piste, la manière de gérer la course peut varier.
Pour ma part, j’ai une routine que j’applique systématiquement, que ce soit pour les entraînements ou les compétitions, afin de rester dans ma bulle.
Selon vous quelle est la piste la plus dure à affronter nationalement et internationalement ?
Sur le plan national, je dirais que Adelboden est la course la plus intense, car la pression au départ est grande devant ce public bruyant et venu en masse pour nous voir briller.
À l’international, c’est Bormio qui me vient à l’esprit. Contrairement à Adelboden, ce n’est pas le public qui met la pression, mais cette piste glacée, impitoyable face à la moindre erreur. Trouver le juste équilibre entre prendre des risques pour être rapide et rester sur ses skis sans ralentir est un défi mental difficile.
Quel est le skieur qui vous fait un peu peur niveau palmarès et carrière ?
Je n’ai peur de personne, car dans ce sport, nous nous battons contre le chronomètre et contre nous-mêmes.
Bien sûr, Marco Odermatt est impressionnant, mais j’essaie de ne pas me concentrer sur les chiffres et de rester focalisé sur mon propre chemin et mon combat. 🙂
Un titre phare que vous écoutez avant une compétition ?
Nirvana – Smells Like Teen Spirit
Quel est l’élément déclencheur qui vous a donné envie de skier ?
Ma grand-maman tenait un restaurant sur les pistes de ski de Bruson. Nous passions donc quasiment tout l’hiver sur des skis. Je pense que skier derrière mon frère Kevin m’a donné la motivation d’aller plus vite que lui… et c’est ainsi que j’ai commencé à aimer la compétition.
Est-ce que la célébrité vous fait peur ou pas trop ? (médias)
Au début de ma carrière, c’est vrai, j’essayais de protéger mes proches et ma famille des médias.
Aujourd’hui, j’ai appris à vivre avec et à accepter ce rôle. Finalement, c’est agréable de pouvoir transmettre des émotions à travers mon sport et de sentir les gens heureux quand je fais de belles courses.
C’est le ski qui vous a choisi ou c’est l’inverse ?
Je dirais que c’est le ski qui m’a choisi, car jamais je n’aurais osé rêver d’être un jour skieur professionnel… mais le destin en a décidé autrement.
A part « pour briller, il faut oser et envoyer» quel est votre autre leitmotiv ?
Ne jamais lâcher : j’ai rencontré beaucoup de difficultés pour atteindre mes rêves, mais je n’ai jamais abandonné. C’est ça, la clé.
La personne selon vous qui a marqué l’histoire du ski et qui vous fait rêver (et pourquoi)
Didier Cuche, Il a apporté un professionnalisme incroyable au ski alpin, en cherchant à contrôler tous les détails. Je pense sincèrement qu’il a fait progresser ce sport.
Justin Murisier en 4 mots ?
Travailleur
Motivé
Rigolo
Franc-parler
Texte : Stéfanie Rossier
Photos : Fabian Gattlen, Swissski et Robin Mulhauser