Les lumières de l’arène s’éteignent. Le bruit des poignées de main et des acclamations s’estompe. Il ne reste que le souvenir de ce jour de 2019, où Steve Duplan a soulevé la couronne fédérale, l’objet de tous les rêves.
Pourtant, ce titre n’est pas l’aboutissement d’un parcours sans accroc, mais l’acte de naissance d’une légende forgée dans la persévérance. C’est l’histoire d’un champion, racontée à deux voix : celle du guerrier qui a encaissé les coups, et celle du tacticien qui a toujours cru en lui.
Un film noir et blanc
Pour Steve Duplan, le souvenir du sacre reste un film en noir et blanc, plein d’émotions et de soulagement. « C’était quelque chose d’extraordinaire », confie-t-il, les mots chargés de la fierté d’un rêve accompli. « J’ai pu atteindre mon plus grand objectif dans ce sport après être passé par plusieurs blessures. » Il se souvient de chaque détail, de chaque cri d’encouragement, des visages de sa famille et de ses amis dans les tribunes. « J’ai de nombreux souvenirs inoubliables comme mon dernier combat gagné avec toute une tribune qui applaudit, les émotions et la satisfaction de mes parents, mon frère, ma copine ainsi que tous mes collègues lutteurs. »

Un talent pur et un mental d’acier
Cette victoire, vue de l’extérieur, était la confirmation d’un talent pur et d’un mental d’acier. Son directeur technique Christian Kolly, qui a suivi son ascension, analyse ce succès avec une distance professionnelle. « Steve est couronné fédéral. Ce statut n’est pas toujours évident à porter mais Steve a toujours le potentiel pour créer des performances de choix. » Il ne s’agit plus de l’exploit d’un jour, mais d’une stature à incarner.
Et Steve Duplan l’incarne, non par des discours enflammés, mais par l’exemple silencieux. Loin d’être un leader des vestiaires, il est cette « force tranquille » qui inspire par son seul dévouement. « Steve n’est pas un leader dans les vestiaires par rapport à sa personnalité », explique le chef technique Christian Kolly. « Mais plutôt une force tranquille qui peut inspirer les moins expérimentés. Steve est vraiment apprécié de tous et il est essentiel dans notre groupe comme couronné fédéral. »

Une sagesse qu’il transmet à la nouvelle génération
Cette même sagesse qu’il transmet à la nouvelle génération, à l’image du jeune Anthony Fontaine. Plutôt que de lui parler de technique, il lui parle de cœur et de résilience. « Je lui dirais de toujours persévérer même dans les moments de doute. Il faut bien sûr beaucoup s’entraîner mais la détermination peut nous mener très loin. » Pour le champion, la passion et la motivation ne sont pas des options, mais les moteurs essentiels de la réussite. « Il est très important de toujours garder la motivation et la passion car c’est seulement avec elles que l’on peut avancer. »
Des blessures qui auraient pu mettre fin à sa carrière
Car avant la consécration, il y a eu l’épreuve. L’histoire de Steve Duplan est pavée de blessures qui auraient pu mettre fin à d’autres carrières. « J’ai subi beaucoup de blessures durant ma carrière, notamment deux fractures de l’humérus et trois déchirures du ligament croisé antérieur du genou avec ménisque. » La douleur, l’opération, la pause forcée de 8 à 10 mois… autant d’obstacles qui n’ont fait qu’aiguiser sa faim de victoire. « Aucune de ces blessures ne m’a découragé. Au contraire, je me suis toujours dit que j’allais encore plus m’entraîner pour revenir encore plus fort. »

Cette persévérance est une qualité reconnue par son directeur technique, qui y voit un exemple. « Steve est un grand travailleur et cette attitude est un exemple pour les jeunes de l’équipe. » Après une saison en demi-teinte, les regards sont déjà tournés vers l’avenir, et la prochaine Fête Fédérale. C’est l’occasion pour le champion de s’affranchir de toute pression. « À la fête fédérale, il n’a rien à perdre, il va pouvoir peut-être se libérer d’une pression et ‘lâcher les chevaux’. » Car quand il prend des risques et qu’il attaque, la force tranquille de Steve Duplan se révèle être un adversaire redoutable.
Texte : Stéfanie Rossier
Photos : Amanda Portmann