À seulement 18 ans, le Vaudois Stéphane Ranc s’est hissé au sommet du monocycle mondial.
En juillet 2024, il décroche le titre de champion du monde de flatland lors des UNICON 22 à Bemidji, aux États-Unis, confirmant son statut de jeune prodige d’une discipline spectaculaire et encore méconnue.
Le flatland est une pratique urbaine du monocycle, proche du BMX ou du skate freestyle. Elle consiste à réaliser, sur sol plat, des figures combinant équilibre, rotations, sauts et manipulations précises du monocycle. Les athlètes sont évalués sur la difficulté, la créativité, la fluidité et la propreté d’exécution. Un terrain où précision technique et contrôle absolu sont indispensables — et où Stéphane excelle.
Des origines circassiennes à l’exigence du haut niveau
Né à Bex, Stéphane découvre le monocycle grâce au Cirque Snick, fondé par sa mère à Aigle. Très jeune, il acquiert l’aisance et la coordination nécessaires à cette discipline atypique. Pourtant, il tient à marquer une distinction nette entre ses débuts artistiques et sa pratique sportive actuelle.
« Le monocycle de cirque et le monocycle urbain en compétition n’ont absolument rien à voir », explique-t-il. Les bases apprises dans l’école familiale — rouler, sauter, maîtriser son équilibre — lui ont été utiles, mais il s’en est rapidement détaché pour se consacrer pleinement au flatland.
Pour lui, le flatland est un sport à part entière : « Il requiert équilibre, explosivité, force et patience. » Les figures enchaînées, les rotations millimétrées et les combos complexes demandent un travail acharné et une rigueur qu’il a développée en s’entraînant seul, jour après jour. Ce perfectionnisme est devenu le socle de son ascension jusqu’au titre mondial.

Construire la confiance par la répétition
Le plus grand défi en compétition internationale n’est pas seulement technique : il est mental. Comment réussir, sous pression, ce qui fonctionne parfaitement à l’entraînement ?
Pour Stéphane, la réponse tient en un mot : répétition.
« L’entraînement de mes tricks et combos est la clé, autant pour la mémoire musculaire que pour l’aspect mental », confie-t-il. En répétant ses figures jusqu’à la maîtrise totale, il crée une confiance automatique. « Moins stressé on est, mieux on roule », résume-t-il simplement.
Lorsqu’il entre en finale d’un championnat du monde, il suit un principe très concret : se rappeler qu’il réussissait ces mouvements seul, sans public, dans un parking ou un gymnase. Et si ça passait là, alors ça doit passer maintenant.
Le plaisir est également un composant essentiel de sa performance : « Ça peut paraître bateau, mais je n’ai rien trouvé de mieux. » Il souligne aussi l’importance d’un ami proche — multiple champion d’Europe et double vice-champion du monde — qui l’accompagne et l’aide à gérer les battles et le stress des grandes compétitions.
Faire grandir un sport qui manque de visibilité
Devenu champion du monde, Stéphane souhaite contribuer à l’essor du monocycle urbain. Selon lui, le frein principal à l’évolution de la discipline n’est pas le niveau technique des riders, mais leur nombre.
« Nous avons besoin de plus d’adhérents. Les limites du sport se repoussent peu à peu, mais il manque de pratiquants », constate-t-il.
Plus de riders, c’est plus de compétitions, plus d’événements, plus de visibilité. Il encourage ainsi les jeunes à rejoindre les structures qui proposent déjà des cours — notamment l’école de cirque Snick et Meli-Melo, qui offrent des initiations au monocycle urbain.
Un autre enjeu majeur est le manque de soutien financier. « Des sponsors devraient être plus présents. Cela aiderait les riders à s’entraîner, à se déplacer en compétition internationale, et le sport gagnerait en crédibilité. » Aujourd’hui, seuls quelques athlètes du milieu sont sponsorisés.
Un champion et un ambassadeur
En transformant un héritage circassien en une discipline sportive de haut niveau, Stéphane Ranc incarne une nouvelle génération d’athlètes passionnés et autodidactes. Son approche — rigueur, répétition, plaisir et humilité — lui a permis de devenir champion du monde, tout en portant une vision ambitieuse pour l’avenir du monocycle urbain.
Texte : Alexandra Rustin
Photos : Archives Stéphane Ranc