Roland Guex :Le sportif qui ne fait pas de sport.

Il existe plusieurs façons de vivre sa passion du sport. Pour certains, il n’est pas essentiel de pratiquer leur discipline préférée pour en vibrer. 

Le sport est un domaine de sensations, de ferveur, de destinée aussi, et le chemin du Chablaisien Roland Guex ne l’a pas mené baskets aux pieds ; c’est plutôt derrière un micro qu’il vit sa vocation sportive, récompense d’un travail assidu et d’une idée qui ne l’a jamais quitté depuis l’enfance.

Aujourd’hui connu notamment pour animer l’émission Les Puckalistes sur la chaîne La Télé, Roland ne vient pourtant pas du monde des médias…

Planète Sports (PS) : Salut Roland, raconte-nous un peu ton histoire. D’abord, tu avais appris un autre métier ?

Roland Guex (RG) : Oui, effectivement, j’ai une formation de facteur. J’ai fait mon apprentissage à la Poste à Aigle où j’ai travaillé pendant 11 années. C’est vrai qu’à l’école je n’avais pas vraiment la motivation pour les études. À l’époque, facteur était encore un beau métier, avec beaucoup de contact humain.

PS : Rien à voir avec le journalisme sportif ! Comment as-tu découvert ta vocation ?

RG : Dans la cour d’école (rire) ! Je ne jouais pas, mais j’étais celui qui commentait les matchs de foot pendant la récré. J’ai toujours été passionné par le sport à la TV, surtout le cyclisme. Mais de là à en faire un métier, c’était compliqué… Il fallait aller à l’université, puis trouver une place dans un média pour faire un stage de deux ans, comme un apprentissage. En Suisse, il n’existe pas d’école de journalisme à proprement parler.

PS : Et tu pratiquais toi-même un sport ?

RG : Non, pas du tout ! Je suis plutôt fainéant quand il s’agit de pratiquer une activité sportive ; je préfère le vivre au micro ! Enfant, j’ai quand même fait un peu de ski, à un niveau normal, mais jouer au hockey ou au foot ne me tentait pas du tout…

PS : Comment as-tu découvert le hockey, ce sport sur lequel tu sembles incollable ?

RG : J’ai grandi à Villars jusqu’à l’âge de 12 ans et c’est là que j’ai découvert le hockey avec mon grand-papa, qui était gendarme à Chesières. Nous allions souvent voir des matchs à la patinoire et j’étais fan de Gaëtan Boucher et de sa moustache ! Mais j’aimais aussi d’autres sports, notamment le cyclisme.

PS : Alors, comment es-tu devenu commentateur sportif à la TV ?

RG : C’était toujours une idée que j’avais en tête. Tout en travaillant à la Poste, j’ai essayé de décrocher des piges. J’ai d’abord demandé à Laurent Bastardoz à Radio Chablais. Il m’a donné une chance sur un match de water-polo à Monthey. J’avais 18 ans, j’étais trop jeune et sans expérience, il ne m’a pas engagé (clin d’œil à Laurent Bastardoz).
En 1995, j’ai participé au concours de commentateurs sportifs organisé par le CIO et la RTS dans le cadre de la semaine olympique. Boris Aquadro, une légende du journalisme sportif à la RTS, présidait le jury. J’ai terminé 3e ! J’ai pu suivre Athletissima avec les journalistes de la RTS, et cela m’a ouvert des portes : j’ai finalement été pris à l’essai à Radio Chablais. J’y ai travaillé de 1995 à 2003, spécialisé plutôt dans le basket, et je commentais aussi quelques matchs du HC Villars. J’ai appris le métier sur le terrain… J’ai également collaboré avec d’autres médias comme La Presse Riviera-Chablais.

PS : Tu as des anecdotes de tes débuts ?

RG : Oh oui ! Pour ma toute première intervention radio, j’ai eu la chance de commenter la fameuse finale de la Coupe valaisanne de hockey sur glace entre le HC Champéry et le HC Val-d’Illiez, c’était le 23 décembre 1995 ! Ou encore l’étape du Tour de France qui passait au Col de la Croix en 1997, avec Laurent Dufaux… incroyable !

PS : Pendant ces années-là, tu travaillais toujours à la Poste en parallèle ?

RG : Oui. En 1998, j’ai aussi pris un poste à Ici TV (Riviera-Chablais) comme pigiste pour le journal des sports, en plus de mon job à la Poste. En 2000, Ici TV a décidé de lancer un téléjournal quotidien et mon chef m’a proposé une place de stagiaire de deux ans, qui validait mon papier de journaliste. Là, j’ai quitté la Poste !

PS : Et ensuite, tout s’est enchaîné pour toi ?

RG : Je suis devenu responsable des sports à Ici TV. En 2009, cette chaîne a cessé d’exister pour laisser place à La Télé. Heureusement, tout le staff a été repris. J’ai commencé comme simple journaliste JRI (où tu fais aussi tes montages toi-même) et assez vite je me suis occupé des sports.

PS : Puis est arrivée l’aventure de l’émission Les Puckalistes ?

RG : Oui ! Le concept existait déjà sur la TV lausannoise à l’époque, mais il ne relayait que l’actualité du Lausanne Hockey Club. Le directeur de La Télé n’était pas très favorable à l’émission, mais après un changement de direction, le nouveau responsable des programmes était, par coïncidence, l’initiateur du concept des Puckalistes. Nous avons décidé de le relancer ensemble il y a déjà 12 ans. Nous avons commencé en octobre 2013, symboliquement juste après la promotion du LHC en National League. Ce fut une année folle : Lausanne montait et Fribourg jouait sa finale contre Berne !

. © Francesca Palazzi

PS : Le concept de l’émission a pas mal évolué en 12 ans ?

RG : Au début, nous collaborions avec les journalistes du Matin, qui venaient sur le plateau. La 2e saison, nous avons recruté Stéphane Rochette comme consultant. À l’époque, je ne le connaissais pas. Il avait arbitré le Winter Game à Genève et nous avions aimé son intervention. Je l’ai invité pour en parler et ça a bien collé, il est resté trois saisons.
Quand MySports a été créé, ça s’est compliqué avec les droits TV et Stéphane est parti sur cette chaîne. Nous avons traversé une année de transition…
Nous avons alors organisé un casting pour recruter un consultant et c’est là que j’ai rencontré Geoffrey Vauclair. Une belle complicité s’est rapidement installée entre nous et nous avons trouvé un bon équilibre pour l’émission. Oui, le concept a évolué au fil des années… Nous avons ensuite mis en place le tournus que l’on connaît aujourd’hui avec les trois consultants Didier Massy et Michael Ngoy, ainsi que les interventions des journalistes Grégory Beaud et Jean-Frédéric Debétaz.

PS : Avec le succès de cette émission, tu as gagné en galons à La Télé ?

RG : De 2016 à 2019, j’ai repris la rédaction en chef, et oui, ce fut un bel accomplissement après tout le travail fourni ! Depuis 2020, je suis responsable des opérations spéciales et j’apprécie cette nouvelle expérience, qui me permet de toucher à une diversité de domaines.

PS : Donc ton rêve de gosse, c’était de pratiquer le sport… à la TV (sourire) ?

RG : Oui, c’est ça ! Pratiquer le sport ne me tente pas… mais le commenter, oui ! Le sport transmet des émotions, et pour moi encore plus en direct à la télé. Gamin, je rêvais déjà de ça quand je commentais les matchs de foot à la récré !

PS : Ta pugnacité a payé en tout cas !

RG : Personnellement, je suis fier du chemin parcouru : je suis passé de facteur à Aigle à présenter une finale de hockey suisse en direct à la TV ! J’ai bossé comme un fou, j’y ai cru, et aujourd’hui je vis de ma passion. C’est une chance, comme pour un sportif pro !

PS : Le mot de la fin ?

RG : J’ai réussi à transformer mon rêve d’enfant en métier-passion. Mais si j’ai pu réaliser tout ça, c’est aussi grâce au soutien de mes proches et de certaines personnes qui ont cru en moi. Je dois également dire un grand merci à ma femme (clin d’œil)…

Texte : Julia Delattre

Photos : Archives Roland Guex

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