Le comité du SC Bex a été entièrement renouvelé ce printemps. Rencontre avec Jovian Hediger, nouveau président du club.
Jovian Hediger, vous avez participé à la Coupe du Monde de ski de fond dès 2009, participé au JO de Sotchi en 2014 et de Pyeongchang en 2018 et Pékin en 2022. Vous êtes aujourd’hui retiré de la compétition. Est-ce que cela vous manque?
Ce qui me manque c’est la vie du sport, la vie en groupe et tout ce qui va autour. J’avais quand même énormément de plaisir dans la pratique de mon sport. On était toute une équipe de copains, un staff qui était comme une famille. Cette communauté me manque un peu. Mais la compétition en tant que telle ne me manque pas. J’ai pris la décision d’arrêter, j’avais fait mon temps, j’avais été au bout de ce que je pouvais faire et atteint mon palier maximum. Le fait d’être consultant TV me permet de garder un pied dans la compétition.
Vous avez repris en 2025 la tête du ski club de Bex. Un club qui vous a formé comme junior?
Bien sûr, c’est le club dans lequel j’ai grandi. C’est un peu un club familial. Mon papa était chef entraîneur. Mon oncle président. Et j’y avais tous mes copains. J’ai toujours gardé un pied dans le club.
Un juste retour des choses? Vous avez reçu, il est temps de donner?
Pas seulement. Les choses se sont faites naturellement. De par notre parcours avec mon cousin Erwan, dans la haute compétition, on savait qu’un jour on reviendrait vers le club.
Un comité entièrement renouvelé avec sept nouveaux membres, dont votre frère Damien et votre cousin Erwan Käser. Une affaire de famille?
Oui un peu. On a aujourd’hui un groupe de copains prêts à s’investir pour le club. C’est un club qui vit au travers des générations et ça se transmet. Et notre objectif est que les jeunes créent ce lien fort avec le club comme nous l’avons créé entre nous, entre copains.
Il y a déjà une nouvelle génération de membres du comité qui se prépare?
On l’espère. Actuellement on a aussi de nouvelles familles. Le club est évidemment ouvert. Le ski de fond n’est pas un sport de masse sur lequel on arrive facilement. C’est souvent une histoire de famille ou alors on y arrive par le biais des copains. Souvent un jeune déjà membre du club qui va attirer un copain, qui va crocher, rester et qui va emmener sa famille avec lui. Il y a donc toujours un roulement et des nouvelles personnes qui arrivent dans le club.
Comment se porte de SC Bex en termes de jeunes en formation et de résultats?
Bien et même très bien j’ai envie de dire. Le club peut compter sur une grosse masse de membres passifs, de bénévoles. Notre but c’est aussi d’organiser des événements, d’être actif sur des compétitions. Une vingtaine de jeunes sont en formation, âgés de 8 à 20 ans. On a quand même une capacité limitée en termes d’entraîneurs, il ne faut pas épuiser les gens, tous sont bénévoles et on ne cherche pas nécessairement à grossir. C’est important pour nous de garder un bon équilibre. Mais il y a encore un peu de place.
Quelle est la proportion de filles parmi ces jeunes?
Il y a un peu moins de filles. Mais c’est assez équilibré. Au niveau des entrainements c’est un sport qui permet d’avoir des groupes mixtes, même jusqu’aux plus hauts niveaux.
Et en termes de résultats, il y a une relève qui s’annonce?
Alors c’est toujours difficile à dire sur le long terme. Mais on a de très bons jeunes. Avec deux champions suisse du relais junior l’année passée. C’est très positif. On voit que le travail a été bien fait. Après c’est difficile de dire si ces jeunes vont avoir le petit truc en plus pour vraiment passer à l’échelon supérieur. Il y a un âge charnière, vers 16 ans, où il faut faire un choix professionnel. Mais tous nos jeunes auront les armes nécessaires s’ils ont le talent et l’envie d’aller plus loin. C’est ça notre rôle. A partir de 14 ans les jeunes peuvent intégrer les équipes romandes, pour ensuite essayer d’intégrer les cadres de Suisse Ski vers 16 – 20 ans. C’est la partie junior, avant d’intégrer les catégories élite.
Quels sont les soutiens financiers à disposition?
C’est un peu le problème des sports individuels. Personnellement j’ai été indépendant, comme une mini entreprise. On a une grosse fédération qui est Suisse Ski qui va mettre à disposition des entraîneurs et de la logistique. Ensuite il faut se débrouiller pour trouver des partenaires privés, des sponsors.
Quelles sont les différentes disciplines pratiquées au sein de votre club?
Le ski de fond est très poli-sportif. Sur la préparation on va avoir de la course à pied, du vélo, de la marche en montagne, du ski à roulette, un peu de renforcement musculaire. Tout ce qui tourne autour de l’endurance. A partir de 16 ans les jeunes peuvent se spécialiser dans le skating, le classique, et les différentes distances. Avant 16 ans, ils pratiquent toutes les disciplines et une distance unique par tranche d’âge.
Est-ce que votre club s’implique dans l’organisation d’événements, de compétitions?
On l’a toujours fait. L’ancien comité nous fait le cadeau d’organiser cet hiver une dernière fois les Championnats suisses. Cela se déroulera aux Diablerets. Ensuite il y a des projets à venir mais on ne veut pas non plus se griller, il faut ménager nos bénévoles.
Quand on fait du ski nordique dans le Chablais, comment on tient compte de la neige qui se fait de plus en plus rare. Où est-ce qu’on skie?
Ces derniers hivers nous étions souvent en Valais, à La Fouly et Champex. En tout cas en début de saison. Sinon, quand on a la chance d’avoir de la neige, il y a les Mosses et les Plans sur Bex. C’est aussi un mandat de notre club de tracer une piste éclairée au Plans. Et aussi sur Villars. On doit un peu jouer avec la neige entre toutes ces stations. Le réchauffement climatique est un gros challenge pour nous.
Entretien Gilles Scherlé
Photos : Archives SC Bex