Il y a environ une année, le Monthey Chablais HC annonçait la formation d’une équipe féminine pouvant évoluer en Swiss Woman League D dès la rentrée 2023.
Retour sur les fondements et accomplissements d’une aventure inédite pour le club avec Johan Launaz, président du MOJU MCHC PDS.
Planète Sports (PS) : Qu’est-ce qui a motivé la décision de créer cette équipe féminine ?
Johan Launaz (JL) : Nous avions déjà deux coachs actifs au sein du club, qui s’occupaient des jeunes filles, au niveau U11 notamment. Nous commencions à rencontrer des difficultés avec l’intégration des joueuses dans les équipes dites mixtes. Des parents se sont plaints du traitement des filles.
Des filles très attentives sur le banc.
Photo : MCHC Féminin
En effet, à partir des U13, cela devient compliqué pour elles lorsqu’il faut se faire une place au milieu des garçons dans des niveaux élites. Le sport devient un peu plus violent à ce stade et les petits soucis liés à l’adolescence commencent également à émerger.
Nous avons donc réfléchi à la manière de pouvoir proposer du temps de glace à ces jeunes filles au sein du club. Nous ne voulions pas les voir partir ailleurs ou arrêter leur sport par manque d’ouverture d’esprit. Nous avons pensé à la Ligue D car l’âge minimum est de 12 ans. C’est juste le moment où les filles arrivent à un tournant dans leur progression avec les équipes mixtes.
Cela a permis de rapatrier toutes les jeunes de la région ainsi que des joueuses novices. À la fin de la saison passée, le comité avait organisé un match amical entre l’équipe féminine de Meyrin et les filles des clubs alentours. Cela a ouvert la discussion et amené la réflexion sur comment procéder. L’enthousiasme des joueuses et des parents était bien palpable et voilà comment c’est parti…
Une équipe formée de jeunes filles et même de mamans.
Photo : MCHC Féminin
PS : Aviez-vous observé la montée de l’intérêt pour les championnats de hockey féminin ?
L J : Oui, on reconnaît que le hockey féminin commence gentiment à s’implanter, mais je pense que ce n’est pas encore profondément installé. Il y a encore un gros travail à faire afin de changer les mentalités.
Il est vrai que nous sommes arrivés à un tournant concernant le sport féminin en général, mais il reste encore une vraie organisation en amont à mettre en place. À mon sens, les filles doivent pouvoir jouer avec les garçons le plus tard possible afin de progresser au maximum.
Les équipes féminines devraient pouvoir s’appuyer sur leur club formateur. Nous avons aussi besoin que la Ligue nous soutienne et se structure mieux au sujet du hockey féminin.
PS : Est-ce que le club avait des attentes particulières avec cette équipe ?
J L : Globalement , l’attente était que le concept puisse simplement fonctionner sur le moyen terme, que l’engouement ne soit pas qu’un feu de paille. Il fallait pouvoir assurer un bon contingent tout au long du championnat. Si l’on s’engageait, il nous fallait du monde.
Le comité a beaucoup discuté avec le club de Sierre qui dispose d’une équipe féminine évoluant en Ligue C. Au début, ils n’étaient pas très favorables, envisageant que nous allions leur enlever de potentielles joueuses. Pour finir, grâce à une bonne entente, la collaboration a été bénéfique.
Belle équipe prête à en découdre.
Photo : MCHC Féminin
Certaines filles ont pu naviguer entre ces deux équipes sans problème. Nos attentes ont été largement dépassées, car le contingent est resté large toute la saison. Il y avait du monde à tous les matchs.
En termes sportifs, les filles ont éprouvé du plaisir et les résultats sont plutôt positifs. Pour le club, c’est une bonne carte de visite côté formation, mais aussi côté inclusif des choses. Pour ma part, une fille a le droit de jouer au hockey, il faut le faire entendre.
La saison prochaine, nous allons développer notre communication pour la valorisation de notre équipe féminine.
Depuis l’intérieur…
Cette équipe féminine toute fraîche est clairement insolite. Jeunes demoiselles de 12 ans, adolescentes, étudiantes, jeunes mamans et dames, se retrouvent deux fois par semaine pour des entraînements menés par leur coach surmotivé Guy Lapointe, aidé par Sébastien Amy (joueur et bénévole) et Sandra Nater (coach Jeunesse & Sport au HC Valais-Chablais), dans une ambiance incroyable de bonne humeur et de travail intensif.
Un premier noyau s’était formé dès le début de la saison passée, dont une petite dizaine de joueuses totalement débutantes. Tout au long de la saison, le contingent a été renforcé par de nouvelles recrues tentant l’aventure, puis par des joueuses venant d’autres clubs comme Martigny ou Sierre.
Grâce à leur motivation sans faille et au plaisir qu’elles transmettent, les filles de Monthey embarquent avec elles tout un univers où le hockey féminin prend tout son sens. Ce n’est pas Sandra Nater qui démentira la tendance, joueuse et coach totalement passionnée depuis toute petite, elle donne sa vie pour les mouvements juniors. Elle relève que plus jeune elle n’a pas eu accès à tant de possibilités en tant que joueuse. Elle souligne aussi l’importance de l’évolution des mœurs ces dernières années quant à ce sport aux proportions hautement viriles, mais qui impose désormais sa déclinaison au féminin.
Clairement, le MCHC féminin est parti de rien, puis a vécu un Championnat plus que satisfaisant. Match après match, les progrès ont été remarquables et remarqués. L’équipe a su rapidement trouver son rythme et termine avec une honorable 4e place en SWLD pour leur toute première saison.
Leur force est certainement issue de la diversité des profils où petites et mamans se côtoient en toute simplicité pour un même objectif : pratiquer le sport qu’elles aiment. Souhaitons longue vie à l’équipe MCHC féminine !
Information :La SWHL (Swiss Woman Hockey League) est ouverte à toutes les filles, dès 12 ans, et toutes les femmes, même débutantes. L’équipe est inscrite en 4e division – ligue D. Pour tout renseignement, essai ou inscription : info@mchc-pds.ch
Texte : Julia Delattre.