Elle rencontre des skieuses du monde entier, se consacre pleinement à son sport fétiche. Malorie Blanc, jeune passionnée et solaire répond à mes questions.
Malorie bonjour, comment allez-vous en pleine saison de ski ? Comment se passe les préparations ?
Ça va très bien merci. Alors pour moi, la saison de ski n’a pas encore réellement commencé puisque je ne me suis pas encore élancée en course ici, en Europe.
Au niveau de ma préparation, tout s’est vraiment super bien passé. Depuis l’opération jusqu’au ski, j’ai énormément développé l’aspect physique. Je ne me suis jamais sentie aussi prête sur cet aspect-là. Pour le ski, je suis retournée sur les pistes le 15 septembre dernier à Zermatt. Et depuis, j’ai franchi étape par étape les marches qui m’ont permises d’être prête à attaquer cette saison de course sereinement.
De bons camps d’entraînement en géant, super-G et descente un peu partout en Europe : Stelvio, Saas Fee ou encore Diavolezza. La bonne nouvelle de ma préparation fût sans aucun doute l’opportunité de me rendre aux États-Unis avec mon équipe pour un camp d’entraînement placé sous le signe de la vitesse.

J’ai tout de même eu l’occasion de faire du géant, discipline où je dois encore travailler et qui pour moi constitue la base de toutes les autres. Pour couronner le tout, j’ai pu enfiler un dossard les deux derniers jours aux côtés des meilleures skieuses de la planète. L’idée était de prendre ces courses comme des entraînements supplémentaires et de retrouver mes repères avant de revenir en Europe pour pourquoi pas attaquer le circuit de la Coupe d’Europe.
Cette préparation a été courte mais qualitative et je me sens aujourd’hui vraiment en forme. Je suis vraiment très heureuse de voir que tout le travail fourni paie et suis curieuse de voir ce que cela va donner cet hiver.
Parlez-nous de votre parcours professionnel. Comment tout a débuté ?
Pour moi, le ski est devenu plus ou moins sérieux lorsque j’ai choisi de quitter le collège de la Planta à Sion pour aller à Brig en sport-étude. Cela signifiait partir de la maison pour aller en internat. L’encadrement était donc devenu bien plus professionnel à ce moment-là.
Ensuite, c’est en juin 2023 que je pense avoir vraiment réalisé que je voulais mettre toutes les chances de mon côté pour que cela fonctionne. Après avoir obtenu ma maturité gymnasiale, je me suis dit « ok pourquoi pas y aller à fond et voir ce que ça donne mais en tout cas me donner la chance de réussir en m’engageant à 100% dans le ski alpin ». Et les mondiaux juniors m’ont aidé à me rendre compte de tout cela. Maintenant, je peux dire que me projette et que je commence à voir ma carrière sur plusieurs années. C’est difficile à y croire et encore plus de le dire mais je suis skieuse professionnelle et c’est devenu mon métier.

La passion du ski c’est inné, de famille et c’est venu au fil des années ?
Tout d’abord, il faut dire que j’habite au pied des montagnes et que pour moi et ma famille, le ski fait partie intégrante de notre vie. Tout le monde est passé par la compétition. Apprendre à skier à deux ans avec mes parents, c’est normal, on est tous passés par là. Et l’idée de pouvoir suivre mon grand frère et passer des moments en famille (plus tard encore avec ma petite sœur), me plaisait beaucoup. Puis de fil en aiguille, je suis rentrée au ski club Anzère-Ayent, au Anzère-Ski-Team, à Ski-Valais, au NLZ, et finalement j’ai pu intégrer des cadres de Swiss-Ski en 2022. Je dirais alors que tout s’est fait assez naturellement et que le plaisir que j’ai à skier associé aux bons résultats, m’ont fait arriver jusqu’ici.
Si je vous dis Crans-Montana, 2027 hiver, ça vous parle ?
Oui, bien sûr que cela me parle. Je suis tellement heureuse et fière de pouvoir représenter cet évènement aux côtés de Michelle et de Franjo, skieuse et skieur d’exception ! Même si ce n’est pas pour tout de suite et que j’ai toujours eu de la peine à me projeter, l’idée de participer aux Mondiaux juste à côté de la maison me donne bien envie. On verra mais je me réjouis tout de même de cette belle fête du ski.

Vous avez pas mal de médailles à votre actif. A force ça monte un peu à la tête ou vous gardez bien les pieds sur terre ?
Oulah, j’espère que non et j’aime dire à ma famille et mon entourage que si c’est le cas il faudra tout de suite me le dire et me ramener immédiatement les pieds sur terre. Pour moi, c’est une vraie angoisse de changer après de bons résultats.
Après, il faut dire que les médailles et le petit succès que j’ai eu l’année passée ouvrent des portes et me permettent de rêver un petit peu sur la suite. Mais jusque-là, j’ai eu la chance d’être extrêmement bien entourée et je pense que c’est ça, la recette pour garder les pieds sur terre.
Qui vous inspire dans le monde du ski ?
J’ai toujours aimé Axsel Lund Svindal. Depuis que je suis petite. Je le trouve classe, élégant, humble et surtout, il était très bon à ski, surtout en vitesse 😉
Maintenant, pour quelqu’un de plus actuel, je dirais que durant la préparation d’été, Camille Rast m’a beaucoup inspirée en partageant ces expériences… Elle m’a apporté un réel soutien pendant ma rééducation et la voir aujourd’hui briller comme ça au niveau de la Coupe du Monde, c’est très inspirant.
Imaginons vous sur le podium, médaille d’or, y a qui à vos côtés ? (les personnes que vous rêvez de voir à votre gauche et à votre droite)
Pas facile comme question ! Je pense que le triplé suisse serait magique ! C’est pourquoi je dirais Michelle Gisin, que j’apprécie beaucoup et en deuxième position, je choisirais Corinne Suter car c’est une légende en vitesse et que de la devancer serait juste fou 😉
Votre rituel avant une grosse compétition ?
Je m’échauffe toujours bien avant de m’élancer, classique. Sinon j’écoute une bonne musique et me remémore de bons souvenirs à ski pour me mettre dans une positiv’attitude. Et juste avant le départ, je prends de grandes inspirations, regarde le paysage autour de moi pour me rendre compte de la chance que j’ai d’être là où je suis tout simplement. Je me tape le torse pour me remettre dans le moment présent et c’est parti !
Un titre 10 minutes avant de descendre cette piste ?
Je dois en trouver un nouveau pour cette saison mais l’année passée, le titre « Miss You » de Southstar m’a bien convenu 😉
Quels sont vos objectifs pour les années à venir ?
Prendre un départ en coupe du Monde serait déjà un premier pas de franchi. Sinon sur le moyen / long terme, je dirais m’installer confortablement à cet échelon. Et pourquoi pas viser les mondiaux de 2027 mais tout cela reste dans un coin bien caché de ma tête. Je n’aime pas beaucoup avoir d’objectif. Je me laisse surprendre ! Et tant que je donne tout ce que j’ai, le reste suivra…
Le ski en 3 mots ?
Pour moi le ski c’est : un jeu, de l’adrénaline, et une superbe école de vie.
Texte : Stéfanie Rossier
Photos : Archives Malorie Blanc