Rencontre avec Sébastien Cornioley, un président qui met en avant le tir sportif, au petit calibre mais avec de grandes ambitions.
Sébastien Cornioley, vous êtes président de la société de tir Les Jeunes Tireurs de Saint-Légier. Un club qui forme des jeunes mais est-ce que vous comptez aussi des membres plus âgés dans vos rangs?
La plus jeune de nos membres à 10 ans et demi. Le plus âgé a 84 ans et la plus âgée 82, comme tireurs actifs, qui tirent régulièrement. La société a été créée en 1919 par trois potes qui avaient la vingtaine, d’où le nom « Les jeunes tireurs ». Ce qui prête parfois à confusion avec la désignation « Jeunes tireurs » de l’armée suisse.

Le club idéal pour rester jeune?
J’espère (rires)!
Combien de jeunes en formation accueillez-vous actuellement, à partir de quel âges et avec quelle proportion de filles?
On a actuellement 24 jeunes. 6 suivent l’école de tir au pistolet à air comprimé, à 10 m. Ils peuvent ensuite pratiquer le tir au pistolet petit calibre à 25 m. Et 18 autres jeunes tirent à la carabine à 50 m, également en petit calibre. Les genres sont bien équilibrés avec un tiers de filles au pistolet et deux tiers à la carabine. Les filles tirent clairement mieux et plus vite que les garçons. Elles se mettent moins de pression et ont peut-être moins de choses à prouver dans leur relation aux armes.
Par rapport à d’autres sports, le tir semble être une discipline onéreuse: il faut des armes, des munitions, des infrastructures. Est-ce que ce sport est facilement accessible pour des jeunes?
Le stand de tir, qui fête ses 40 ans cette année, a été construit sur un terrain offert par la famille d’un membre fondateur de la société. Il y a eu beaucoup de travail fait bénévolement lors de la construction. Actuellement nous sommes tous bénévoles.

Nous prêtons des armes aux juniors, que se soit carabine et/ou pistolet. Au début, un jeune peut venir simplement en training, les mains dans les poches. Mais s’il désire progresser en compétition au niveau régional ou cantonal, nous lui mettons à disposition l’équipement nécessaire: veste de tir, gants, lunettes. Les parents paient une location de 10.- par mois pour ce matériel. Le but est de ne rien acheter tant que l’enfant est en croissance, un peu comme pour le matériel de ski. La boîte de 500 plombs coûte environ 5.- et dure une saison. Et les munitions à poudre sont vendues avec une réduction de 50%. On arrive à 5.- les 50 cartouches pour les juniors. Cela reste donc très accessible.
Quelles sont les disciplines, type d’armes, distances et calibres qui peuvent être pratiquées chez vous? Et quelles sont les disciplines olympiques?
Les juniors pratiquent le tir au pistolet et à la carabine à air comprimée avec des plombs de 4.5 mm sur une distance de 10m. C’est une discipline olympique. Très exigeante d’ailleurs. Certains jeunes restent à l’air comprimé, mais après un an ils peuvent passer au petit calibre. Soit au pistolet à 25 m ou à la carabine à 50 m. Avec une munition 22 LR, soit 5,6 mm. Ce sont également des disciplines olympiques. Le pistolet se pratique debout, d’abord sur appui puis progressivement à une main. Le tir à la carabine peut se faire couché, à genou ou debout. Nous veillons à la morphologie des jeunes pour éviter tout traumatisme lors du tir.

Pouvez-vous nous en dire plus sur ce nouveau type de cibles électronique SIUS ?
En Suisse nous avons deux fabricants de cibles électroniques, Poly tronic et SIUS. Avec les cibles Polytronic, le bruit du coup est enregistré à la sortie du canon. A la cible des micros vont capter le bruit du passage de la balle et déterminer le point d’impact. Le système SIUS que nous utilisons est légèrement différent avec des cibles qui captent la vibration de la balle lorsqu’elle franchit une membrane. La précision est de l’ordre du 10ème de millimètre. C’est le standard en compétition et au niveau olympique.
Il existe des armes qui tirent un faisceau laser qui va toucher une plaque de capteur. Mais c’est une technologie qui est en développement. Elle est utilisée un peu en Suisse allemande dans une discipline proche du biathlon. C’est évidemment plus écologique, silencieux et moins dangereux que les cartouches à poudre.
Quels sont les résultats marquants obtenus par vos membres ces dernières années?
On vient de finir premiers et troisième du canton lors d’un championnat de groupe à la carabine avec nos juniors. On a deux membres licenciés au niveau national. Mais on a un grand historique au niveau cantonal en tir à la carabine chez les adultes. Vice-champion vaudois l’année passée et troisième place cette année. On a été sept fois champions vaudois. Une équipe de St-Légier a fini championne de Suisse au pistolet, mais c’était en 1978 (rire). Actuellement nous misons sur la relève et donc nous investissons dans la formation. C’est des cycles. Nous avons une très bonne base de jeunes avec une bonne mentalité.

Vous organisez et participez à des compétitions. Quels sont les prochains événements à votre agenda?
Nous participons aux championnats suisse et vaudois. Mais nous organisons fin juin la finale cantonale de tir à la carabine en trois positions. L’année passée a été très chargée avec les journées porte-ouverte pour les 200 ans de la fédération suisse de tir, le passeport vacances, les tirs découverte. Donc cette année sera plus calme pour ne pas épuiser nos membres. Mais nous serons présents à la fête nationale le 31 juillet à Saint-Légier. Et les deux premiers week-end d’août aura lieu la fête fédérale de tir junior dans le Chablais vaudois. Nous serons bien sûr présents.
Propos recueillis par Gilles Scherlé
Photos: Archives Les Jeunes Tireurs de Saint-Légier