Les Championnats du monde juniors de pétanque à Isla Cristina (Espagne) ont servi de plateforme idéale pour mettre en lumière le talent et l’état d’esprit de la nouvelle génération suisse.
L’événement, salué pour son organisation impeccable, a offert aux jeunes athlètes helvétiques une confrontation directe avec l’élite mondiale.
Les témoignages croisés d’Olivier Tornay (président du club Les Cadets) et de Jérémy Biselx (joueur valaisan de l’équipe suisse junior) dressent le portrait d’une expérience riche en leçons, tant sur le plan technique que sur celui des valeurs humaines.
Le défi du très haut niveau, relevé avec respect
La première impression de Jérémy Biselx est sans appel concernant l’intensité de la compétition :
« Le niveau de compétition est incroyablement élevé. Représenter son pays à cet échelon exige un engagement total. »
Le jeune joueur évoque la nécessité de « faire plus de tirs et de carreaux que mon adversaire ». Cette réalité de la compétition internationale agit comme un moteur pour l’équipe, qui en ressort avec une certitude renforcée : « Nous avons le niveau pour rivaliser avec les grandes nations. »

L’équipe Suisse sur la 3e marche à gauche avec Jérémy Biselx et Sandra Luthi
Cette compétitivité féroce n’entrave en rien l’esprit sportif, une qualité mise en exergue par les deux témoins. Olivier Tornay, en sa qualité de président de club, est particulièrement sensible à l’attitude des jeunes, qu’il érige en modèle :
« Les juniors se sont comportés de façon exemplaire, certains adultes devraient en prendre de la graine. »
Ce comportement respectueux est une valeur centrale pour les joueurs eux-mêmes ; Jérémy Biselx confirme que « le fair-play et le respect entre les équipes sont toujours au top », même dans la tension des matchs décisifs.
Une ferveur maîtrisée dans une organisation chaleureuse
Les moments de pure ferveur se sont concentrés sur les phases finales. M. Tornay rappelle que l’ambiance atteint son paroxysme lors des « matchs décisifs, comme les finales ou les demi-finales ».
Jérémy Biselx l’a vécu personnellement : le huitième de finale contre l’Espagne était particulièrement animé. Bien que la Suisse ait eu peu de supporters, « ils ont donné de la voix ! », contribuant à une « chouette ambiance » générale.
L’Espagne a joué un rôle crucial dans la qualité de l’expérience. L’organisation espagnole, saluée pour son professionnalisme — notamment après avoir repris sans hésiter le championnat suite à la défection du Canada — a su créer un cadre propice.
M. Tornay note que la « culture chaleureuse espagnole crée souvent une ambiance conviviale pour les spectateurs et les participants ». Même si, comme pour tout événement de cette envergure, quelques défis logistiques ont surgi, l’expérience globale est jugée très positive.

L’équipe Suisse avec de gauche à droite :Loris Juriens, Charline Wicki, Sandra Luthi et Jérémy Biselx
L’esprit d’équipe, moteur de l’exploit mental
La cohésion a été le véritable atout de la délégation suisse. « On s’est toujours bien entendus et soutenus, on s’est motivés tout au long de la compétition », explique Jérémy Biselx.
Cette unité a trouvé son apogée dans un moment de légende : la remontada contre la Tunisie en finale de la Coupe des Nations. Menés 0–9, un score presque rédhibitoire à ce niveau, les Suisses ont démontré une force mentale hors du commun pour inverser la tendance et s’imposer.
« On n’a rien lâché mentalement », se souvient le Chablaisien, soulignant que cette victoire est la preuve la plus éloquente de leur solidarité.

Jérémy Biselx en totale maîtrise au tirs de précision
Cet esprit de corps a été renforcé par la vie commune, au-delà des frontières nationales. La logistique, qui voulait que « toutes les équipes soient logées dans le même hôtel », a favorisé un véritable échange interculturel.
Leçons pour l’avenir : progression et entraînement
Au-delà des résultats, l’expérience a été un catalyseur pour l’avenir. Le simple fait de représenter son pays apporte « encore plus d’envie de se surpasser » pour Jérémy Biselx.
Les leçons sont claires et directement applicables à l’entraînement : « Avec encore plus d’entraînement, on pourrait espérer être tout en haut. »
Fort de son jeune âge, le joueur du club Les Cadets est conscient de sa « marge de progression » et de la nécessité de « continuer un entraînement régulier tout au long de l’année ».

Toute la qualité du geste au tirs de précision pour Jérémy Biselx
L’événement confirme ainsi que la pétanque suisse, portée par des jeunes exemplaires et talentueux, est résolument tournée vers l’excellence — alliant la quête de la performance à la richesse de l’échange sportif et humain.
Texte : Stéfanie Rossier
Photos : @SwissPétanque