L’envers du décor

Quand le sport amateur devient du sport-business

Dans le monde du sport amateur, la course à la performance devient tellement frénétique que les règles de bonne conduite et autres valeurs humaines passent gentiment aux oubliettes. 
Quitte à y laisser des plumes, les jeunes sportifs se plient à des conditions sournoisement faussées, tandis que certains dirigeants se laissent aller à quelques petits arrangements pour le prestige.

Parlons un peu de ce qui fait mal.

Il ne s’agit pas ici de désigner du doigt ni d’accuser, nous ne sommes pas dans une bataille aux méchants, mais de proposer une analyse globale d’une autre facette de la formation des jeunes sportifs. Il s’agit de montrer que dans cet élitisme croissant, certains comportements se révèlent plutôt déplacés ou inadéquats et peuvent entraîner des conséquences indigestes.

On le dit souvent, réussir dans une discipline sportive n’est pas qu’une question de capacités ou d’assiduité au travail, c’est aussi une question de timing, de rencontre, de personne, de chance peut-être parfois, mais à quelle dose ?

 Nous pouvons nous poser la question s’il est encore possible aujourd’hui pour un enfant de pratiquer sa passion en tant que loisir ? D’ailleurs, qu’entendons-nous par loisir, quelle serait cette limite intangible entre apprentissage et recherche de performances ?

Lorsque l’ego passe avant l’empathie, le pouvoir avant le bien-être…

À cause de cette quête d’ultra-performance, même au niveau amateur, il ne semble désormais plus possible de pratiquer une activité sportive dans son enfance en s’investissant pleinement, en respectant les règles et en obtenant d’excellents résultats, sans pour autant être poussé à aspirer à une carrière professionnelle au plus haut grade. On peut se demander qui de l’enfant, des parents ou du coach a vraiment besoin de reconnaissance dans l’histoire.

 Pourtant, lorsque le sujet de la formation dans le sport est évoqué, on sous-entend naturellement une forme d’école de vie dotée d’un soupçon de pédagogie, mais sur le terrain, les non-dits et une communication défaillante demeurent souvent les lacunes générant d’improbables situations d’incompréhension, laissant parfois de jeunes athlètes sur le carreau.

 Dans leurs objectifs, les clubs de sport prônent pourtant l’importance de travailler avec les enfants depuis le plus jeune âge, de les accompagner dans leur évolution et de construire une pyramide solide à tous les échelons. Mais dans un contexte où l’on confronte plaisir et performances pour ne racler finalement qu’une maigre couche d’excellence, il est difficile. pour une bonne flopée de gamins, de trouver sa place, son équipe, son créneau. Puis, lorsque des difficultés existent, on ne discute pas, l’omerta est de rigueur, aucune alternative n’est proposée et des jeunes qui se sont pourtant investis avec pugnacité et résilience pendant des années se retrouvent poussés dehors dans la plus grande ignorance.

Performances et santé

 On en demande toujours plus aux jeunes sportifs et cela peut devenir un engrenage malsain que l’humain semble avoir peine à conscientiser. Convaincu que développer sa performance permet d’être quelqu’un de bien, on tend à laisser croire qu’il faut absolument devenir meilleur que son voisin et ainsi tomber dans l’exagération ; désormais, les clubs « exigent » des entraînements quotidiens et toute l’année, sans récupération, depuis le plus jeune âge. Si le gamin veut faire sa place, il faut qu’il montre patte blanche et accepte de se tuer à la tâche, à l’encontre même de son développement physiologique et de sa santé.

Si l’on considère les recommandations de l’OMS, en moyenne 60 minutes d’activité physique aérobique d’intensité modérée par jour sont préconisées pour les enfants et les adolescents afin de maintenir un bon équilibre vital. Il faut comprendre qu’au-delà, l’activité physique intensive devient du surentraînement et peut même se transformer en addiction (au même titre que tous les autres types d’addiction) avec pour conséquences des effets délétères pour l’organisme. Alors oui, pratiquer du sport est conseillé, mais s’épuiser n’amène rien de bon, surtout en pleine croissance. En plus, il paraît que l’enfant devrait assumer la réussite de sa scolarité parallèlement…

Jouer des coudes

 Lancé parfois malgré lui dans un sport de compétition, l’enfant devient un outil de stratégie marketing; le but ultime étant qu’il puisse rapporter gains, prestige et notoriété rapidement, au détriment d’un coaching juste, humain et loyal. Comprendre les besoins du jeune athlète afin qu’il puisse s’épanouir en tant qu’individu ne semble pas être au cœur des préoccupations du sport-business. Malheureusement, le comportement correct, motivé et travailleur ne paye pas forcément. Il faut plutôt apprendre à jouer des coudes et neutraliser la concurrence.

À 13 ans, on joue en catégorie U17, à 17 ans, en ligue pro, on demande à l’enfant d’être mature à 12 ans, d’être adulte à 14 ans… Est-ce que l’on trouvera dans ce dérèglement du développement naturel de nos chérubins les fondements d’une société meilleure ? Dans 20 ans, nous pourrons dresser le bilan et nous verrons si,  grâce à cette quête de super-héroïsme, le monde se trouvera dans un état de plénitude totalement efficace.

Demain la suite avec l’interview de Yann Ducret, ancien footballeur d’élite et coach sportif spécifique physique et mental .

Texte : JUlia Delattre

Photos : Archives LDD

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