Au-delà de la ferveur des 56 000 spectateurs et des exploits des vainqueurs, la Fête fédérale de lutte à Glaris est avant tout une somme d’expériences humaines.
C’est ce que nous ont confié le jeune Valaisan Anthony Fontaine, le vaudois Steve Duplan, et le chef technique fribourgeois Christian Kolly. Leurs témoignages, bien que différents, se rejoignent pour raconter l’histoire d’une compétition qui forge bien plus que des muscles, entre la performance sur l’instant et le regard tourné vers l’avenir.
L’épreuve du corps et la gestion de la pression
Pour Anthony Fontaine, sa première Fédérale restera marquée par un incident qui a mis son corps à l’épreuve. Il décrit une sixième passe où « un accident qui aurait pu être très grave » lui a valu une hospitalisation d’urgence. Le bilan est lourd : « une tension musculaire avec un début de commotion cérébrale et une chute de pression. » Loin de le décourager, cette épreuve a agi comme un véritable moteur. « Une expérience qui m’a donné envie d’aller toujours plus loin, avec une motivation immense. » Pour lui, la vraie victoire est celle d’avoir tenu jusqu’au bout, fier d’avoir « eu l’efficacité d’aller jusqu’à mes 6 passes. »
De son côté, Steve Duplan a dû faire face à une pression tout aussi intense. Pour la gérer, il a misé sur un état d’esprit positif : « J’ai essayé de gérer la pression du mieux possible en me disant qu’il fallait que je prenne un maximum de plaisir et que je profite à fond de chaque combat. » Le moment le plus difficile est survenu au cours d’un combat particulièrement exigeant : « En 3ème passe, mon adversaire m’a mis au sol pendant un bon moment et j’ai vraiment dû me battre pour pouvoir me sortir de cette position. Ça m’a pris beaucoup d’énergie. »
Le regard du directeur technique : entre bilan et espoir
En tant que chef technique, Christian Kolly apporte une vue d’ensemble sur les performances de ses athlètes. Il salue la prestation d’Anthony Fontaine, qui a su atteindre son objectif. « Pour Anthony, ce fut une prestation de qualité. Il a vraiment atteint son objectif de se qualifier pour le dimanche. » Christian se souvient du soulagement de l’équipe après l’incident qui a mis fin au combat : « Nous avons eu trop peur lors de sa blessure à la nuque lors du 6ème et dernier combat. Les images étaient terrifiantes. Heureusement, le pire n’est pas arrivé. »
Le bilan est plus mitigé pour Steve Duplan, dont les blessures passées n’ont pas permis une préparation optimale. « Il a été éliminé le samedi. Il a essayé de tout donner mais il a manqué de préparation, » explique Christian, qui souligne néanmoins son rôle crucial hors du rond de sciure : « Je retiens son investissement et son rôle dans l’équipe. En effet, Steve était aux échauffements des qualifiés le dimanche. »
Leçons retenues et la voie de la progression
Avec le recul, les leçons de la Fédérale sont claires pour les deux athlètes. Steve insiste sur la nécessité d’une préparation sans faille. « C’est une compétition très compliquée et qu’il faut vraiment être au top tant physiquement que mentalement pour pouvoir repartir avec la couronne. » Pour y parvenir, il a déjà un plan pour les futures échéances : « Je vais justement beaucoup m’entraîner cet hiver, chose que je n’ai pas pu faire la saison passée en raison d’une blessure. Une grosse charge d’entraînements de lutte permet de faire le fond pour les compétitions durant la saison. »
Le directeur technique, Christian Kolly, a les mêmes priorités pour ses protégés. Pour Anthony, il faudra « récupérer et se remettre au travail et poursuivre sa progression car il est jeune. Il ne doit pas oublier de faire évoluer sa technique. »
Pour Steve, c’est un travail différent qui s’impose : « il va falloir reprendre confiance en sa lutte. Il est redoutable à l’entraînement mais moins en compétition. Il va devoir plutôt travailler sur le plan mental. »
Ces témoignages, complémentaires, dessinent le portrait d’une discipline riche et complexe. Christian Kolly, tout comme Steve Duplan, a été particulièrement impressionné par le nouveau roi, Orlik Armon. « Tout le week-end il a lutté avec beaucoup de puissance et d’explosivité et il n’a jamais été en danger. » Finalement, l’essence de la Fête fédérale est bien celle-ci : le courage individuel se nourrit du soutien collectif, et l’excellence de certains inspire la progression de tous.
Texte : Stéfanie Rossier
Photos: Archives des lutteurs