La récompense au bout des spatules.

Si Arnaud Boisset a pu gagner la septième place du Super-G de la Coupe du monde de ski alpin à Garmisch-Partenkirchen le 27.01.24, ce n’est pas le fruit du hasard. C’est la récompense d’un parcours maîtrisé, réfléchi et d’une motivation à toute épreuve.

Il faut seulement cinq minutes de discussion avec Arnaud pour comprendre que le skieur Martignerain détient presque la clé du secret pour mener à bien une carrière de sportif élite. A la fois enjoué et positif mais pragmatique et humble, il laisse penser que c’est doté d’une grande diligence qu’il a su depuis tout petit gouverner la quête de son rêve:« Quand on est sportif individuel on doit gérer seul sa petite entreprise.» Comme le démontre par exemple son site internet qu’il a élaboré et qu’il entretient lui-même régulièrement, Arnaud organise sa carrière de skieur alpin et sait exactement ou il met les pieds.

L’esprit de compétition.
Il avoue que petit il était un peu dissipé, c’est sa rencontre avec le ski alpin qui lui permet de rapidement se recadrer:«l’esprit de compétition me plaît.» dit-il tranquillement… Une fois lancé dans le monde des courses vers 7 ans, Arnaud souhaite aller toujours plus loin. Le Valaisan fréquentera la structure SAF (Sport Arts Formation) au cycle d’orientation d’ Orsières puis à 15 ans il part direction Brigue en sport-étude (le centre de performance NLZ), il a alors une quinzaine d’années en poche et de la pugnacité à revendre.
Vers 16 ans, le sportif est propulsé en élite:«Avant cela , nous étions une bande de potes et nous nous retrouvions sur les podium en Valais dans les 10 premiers niveau Suisse. Après, tu te retrouves avec des coureurs plus âgés, avec plus d’expérience et tu termines 100ème sur 120 coureurs pour 15 secondes de différence. J’ai pris une grosse claque! Ma première année en élite n’était pas super bonne.»
Puis, dans l’apprentissage d’Arnaud, les 18 ans annoncent encore un gros changement, il est sélectionné pour intégrer le cadre Swiss Ski en groupe de dix:«Tout en Suisse allemand » sourit-il. «A ce stade, tu te professionnalises, cela devient un job.» Le coureur explique qu’à ses débuts au sein du cadre il a du gérer une certaine forme de solitude, loin de tous ses repères, il lui a fallu beaucoup de force mentale pour se concentrer uniquement sur l’essentiel et saisir l’opportunité offerte:«J’avais toujours de plus en plus de plaisir à skier et les choses allaient dans la bonne direction. Quand tu es sélectionné, tu veux toujours faire mieux, Swiss Ski m’a offert beaucoup de moyens, c’est une structure très professionnelle.»

La concrétisation d’un rêve.
Les choses se corsent lorsqu’ il atteint le circuit de la coupe d’Europe:«C’est assez ingrat, financièrement très compliqué et les conditions d’entraînement ne sont pas toujours optimales. Je faisais des bons résultats en coupe d’Europe mais il n’y avait pas de place pour tous au sommet de la pyramide en coupe du monde.»
Mais comme le skieur ne lâche rien, à force de travail, il a réussi à trouver sa place. Le Bas-Valaisan a finalement explosé l’hiver dernier avec quatre podiums, deux victoires et une première place au classement de la Coupe d’Europe de super-G, ce qui lui ouvre les portes vers la tant-attendue coupe du monde! Le 14 décembre dernier il se lance sur la première descente à ce niveau ultime. Puis en janvier 2024, Arnaud s’offre son premier TOP-10 à la descente de Kitzbühel puis la 7ème place au Super-G de de la Coupe du monde de ski alpin à Garmisch-Partenkirchen le 27 janvier passé:«Et maintenant on me connaît!», s’exclame t’il, des étincelles et un certain soulagement dans la voix – me semble t-il…

Les courses mais pas que…
Il faut relever que Arnaud a su manager à la fois sa vie de skieur mais aussi son parcours d’étudiant puis sa carrière professionnelle avec pragmatisme. Responsabilisé très jeune devant les contraintes du quotidien, il a vite compris qu’il fallait assurer sur tous les plans. Il a pu poursuivre ses études en parallèle de la compétition et il est en possession d’un Bachelor universitaire en économie et management, avec une spécialisation en finance. Il travaille à temps partiel en complément de sa vie d’athlète:«Aujourd’hui, j’arrive à vivre de mon sport et à me projeter dans des objectifs toujours plus performants…Globalement je gère seul, on est jamais mieux servi que par soi-même. Je continue de travailler à coté pour garder un équilibre.»
Et de conclure simplement:«C’est une magnifique école de vie!»

Site internet: https://arnaudboisset.com/fansclub

Texte:Julia Delattre

Photo tête de page: EBORNET