La dernière édition de La Course de l’Octodure — anciennement connue sous le nom de Corrida d’Octodure — a une nouvelle fois démontré sa capacité à fédérer la région martignerainne.
Mais l’événement révèle également des enjeux stratégiques majeurs.
Figure emblématique de l’organisation, Jean-Pierre Terretaz dresse un bilan où performances sportives et retombées économiques s’entremêlent étroitement.
Un levier économique majeur pour Martigny
Bien plus qu’une simple course, La Course de l’Octodure constitue un véritable moteur économique pour la Ville de Martigny. L’édition 2024 a rassemblé 1 500 coureurs et environ 5 000 accompagnants, spectateurs et visiteurs, soit près de 6 500 personnes.
Cet afflux important se répercute directement sur les commerces de proximité : cafés, restaurants, terrasses et boutiques ont profité d’une hausse d’activité significative. En se basant sur une dépense moyenne prudente de 50 CHF par personne, M. Terretaz estime les retombées économiques immédiates entre 325 000 CHF et 350 000 CHF, concentrées en grande partie sur la journée de la course.
Un chiffre qui ancre durablement la manifestation dans le tissu économique local.
Préserver l’attractivité dans un environnement très concurrentiel
Malgré sa forte implantation régionale, La Course de l’Octodure doit faire face à une concurrence croissante. Contrairement aux manifestations situées dans les grands centres urbains comme Lausanne, Genève ou Fribourg, Martigny ne bénéficie pas d’un vaste bassin de population.
M. Terretaz regrette que « les coureurs privilégient désormais les événements proches de chez eux », ce qui complique le recrutement de participants.

Pour maintenir son attractivité, l’organisation intensifie ses efforts de communication : presse écrite, radio, télévision, flyers et actions ciblées dans tout le Valais et au-delà.
Le calendrier pose également un défi supplémentaire, notamment avec l’apparition récente de nouveaux cross organisés par la Fédération cantonale d’athlétisme en novembre, qui viennent concurrencer des courses historiquement bien implantées. L’enjeu est donc de trouver un équilibre subtil entre visibilité, adaptation et contraintes extérieures.
Sécurité : une organisation solide face aux comportements imprévisibles
Sur le plan logistique, M. Terretaz souligne le professionnalisme exemplaire de l’équipe. Un plan de sécurité clair encadre les flux sur l’ensemble du parcours, et les bénévoles effectuent un travail remarquable.
La principale difficulté réside cependant dans le facteur humain. Malgré les consignes, le respect des règles, de la patience et des autres participants n’est pas toujours garanti. Coureurs, entraîneurs, parents ou spectateurs ne réagissent pas tous de manière optimale, ce qui oblige l’organisation à mener une sensibilisation constante pour assurer le bon déroulement de l’événement.

Vers la 50e édition : rigueur financière et fidélité des partenaires
L’équipe prépare déjà un moment fort : la 50e édition de La Course de l’Octodure, qui se tiendra le samedi 14 novembre 2026.
Sur le plan financier, l’événement repose sur la fidélité de ses sponsors, annonceurs et donateurs. Les montants engagés restent proportionnés à la taille de la Ville et de la région. Cette fidélité est nourrie par un rapport humain essentiel et un principe de réciprocité. Lorsqu’un partenaire se retire, l’organisation active un réseau solide pour en trouver de nouveaux.
La philosophie de gestion reste simple et responsable : « On ne dépense pas l’argent que l’on n’a pas. »
Cette rigueur, alliée à des relations humaines fortes, explique en grande partie la pérennité de La Course de l’Octodure, qui aborde sereinement le cap symbolique de son demi-siècle.
Texte : Stéfanie Rossier
Photos : kuva.swiss