Il est le premier métis à participer à la fête fédérale de lutte Suisse. En parallèle, il développe l’encavage des vignes du domaine familial. Passionné par ces deux domaines, Harald Cropt a répondu à mes questions.
Harald Cropt bonjour, parlez-nous de votre parcours sportif, votre intégration dans ce milieu de la lutte en tant que métisse …
Bonjour Stefanie, j’ai lutté durant une vingtaine d’années pour le club des lutteurs d’Aigle et environ. J’ai eu la chance d’être sélectionné à cinq fêtes fédérales.
La fête fédérale c’est le plus grand championnat de lutte Suisse qui a lieu tous les trois ans et qui réunit les 270 meilleurs lutteurs de Suisse. La Suisse est divisée en cinq associations et les lutteurs sont autorisés à lutter dans leur association, ils sont aussi invités par les autres associations à prendre part à leur championnat.
En Romandie je n’ai pas ou très peu souffert de ma différence, mais en suisse allemande j’ai eu droit à quelques remarques de vieux ronchons qui se demandaient ce que je faisais là ! Mais qui se sont vite rendu compte que je n’étais pas là pour rire !
En résumé la lutte est plutôt issue d’un milieu conservateur mais actuellement très ouverte d’esprit avec des athlètes de toutes origines toutes classes et milieu sociale !
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans la lutte ?
J’ai commencé la lutte après avoir essayé différents sports comme le hockey, le foot et le basket. C’est le sport qui convenait le mieux à mon gabarit et qui me permettait d’exploité ma force au maximum ! J’y ai découvert aussi des valeurs telles que le respect, la discipline, le fair-play, la camaraderie et l’envie de se dépasser.
Comment avez-vous vécu le fait d’être le premier métis dans cette discipline ?
Au début je n’ai pas pris garde à ce phénomène pour moi j’étais un lutteur comme les autres et c’est en participant à la fête fédérale et la médiatisation qui va avec que j’ai compris que je pouvais être pris pour un fer de lance. Mais je n’ai jamais rien revendiqué. J’ai souvent utilisé ma différence pour mettre en avant mon sport et faire connaître à un plus large public le sport National Suisse.
Est-ce que vous pratiquez toujours ce sport ou la vigne a pris le dessus ?
Je suis encore actuellement le chef technique du club des lutteurs d’Aigle et j’entraîne les jeunes du club. Je participe aussi régulièrement à l’entraînement des actifs et use encore de quelques vieilles ruses pour gagner les lutteurs de notre club.
Il est vrai que le domaine viticole est très gourmand en temps et je n’ai plus vraiment la possibilité de m’entraîner aussi souvent que désiré.
Pourquoi avoir choisi le métier de la vigne ?
Je suis la cinquième génération de vigneron sur notre exploitation. Ado je ne savais pas vraiment quoi faire et en sortant du gymnase je me suis dis qu’on avait un potentiel à exploiter avec nos vignes et a développé en créant une gamme de vin. Donc je me suis lancé à fond !
Ce métier est multitâche on est à la fois dans les vignes dans la cave et à la vente. On peut créer des vins tout en étant spectateur de la nature et des fruits qu’elle veut bien nous donner.
Encaveur et entraîneur pour de jeunes lutteurs, ce serait envisageable ou pas du tout ?
J’y travaille à fond ! j’essaye toujours de mettre en avant la lutte suisse durant nos manifestations à la cave. Durant nos portes ouvertes il y a régulièrement le club de lutte qui vient faire une démonstration et permet d’essayer ce merveilleux sport.
Photo :Jasmine Deporta
Quels sont vos projets dans les deux domaines ?
Du point de vue sportif j’espère bientôt pouvoir remettre ma place de chef technique a un plus jeune afin qu’il puisse amener des idées nouvelles dans la façon de coacher les jeunes et de faire vivre notre sport.
Sur l’exploitation il y a toujours quelque chose à faire j’ai planté des nouveaux cépages et me réjouis de pouvoir bientôt faire déguster ces nouveaux nectars à nos amis et clients.
Harald Cropt en 5 mots ?
- Optimiste
- Calme
- Débrouillard
- Patient
- Tenace
Entretien : Stéfanie Rossier
Photos : Archives Harald Cropt