A 31 ans, Florent Ferrara voit ses performances en Ironman augmenter chaque année. Retour sur ses résultats et ses ambitions pour 2025.
Florent Ferrara, vous avez fait du foot, à un assez haut niveau. Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer d’un sport d’équipe à un sport individuel comme le triathlon?
Il y a eu une longue transition. J’ai fait du foot jusqu’à l’âge de 17 ans en deuxième ligue Inter à Bex. Ensuite j’ai essayé différents sports, volley, tennis, puis je suis retourné au foot. C’est plus tard, à l’Uni de Fribourg, où je me formais pour devenir professeur de sport, que j’ai fait un camp de triathlon.

J’avais 25 ans et j’ai tout de suite croché à ce sport. J’avais fait assez de sport d’équipe et j’appréciais de pouvoir compter que sur moi et de me retrouver face à moi-même.
Vous avez participé à l’Ironman d’Hawaii en octobre 2022 (3,8 km de natation, 180 km de vélo et 42,195 km de course à pied). Une course mythique?
Quand j’ai débuté le triathlon, il y a cinq ans, je me suis assez vite mis à la longue distance (Ironman). J’en ai fait un, juste pour le défi. Et ça m’a plu. Ensuite la période du Covid m’a laissé pas mal de temps pour m’entraîner et je me suis dit: « Pourquoi pas essayer de décrocher une qualification pour Hawaii? » Dans tous les Ironman de l’année il y a des places qualificatives pour aller à Hawaii et j’ai réussi à me qualifier lors de celui de Talinn, en août 2021.
Je suis allé à Hawaii sans attentes particulières mais j’ai bien géré ma course et fini 15ème de ma catégorie. C’est une course mythique! Il y a une ambiance très particulière, 2000 participant-e-s. Avec beaucoup de contraintes comme le vent, la chaleur, l’humidité ce qui demande un temps d’adaptation. La partie natation est dans l’océan, avec la houle. L’eau est chaude mais on n’a pas droit à la combinaison Néoprène. Le parcours vélo, c’est un aller-retour sur une semi-autoroute, 90 km dans un sens, 90 km dans l’autre et pas un village. Il faut bien gérer la chaleur et le vent. Et la grosse difficulté c’est le marathon. Ça commence par un tour dans Kona et ensuite tu reprends cette semi autoroute vallonnée donc pas mal de dénivelé au final. Et là on est en plein après-midi, sur le bitume et ça tape!

Après un expérience comme licencié professionnel en 2023, pouvez-vous revenir sur votre saison 2024?
C’est le résultat d’Hawaii en 2022 qui m’a permis d’obtenir la licence professionnelle. La licence pro offre un accès gratuit aux courses Ironman et une expérience un peu privilégiée avec des zones de transition plus confortables et quelques avantages. Mais, même si mon niveau augmente chaque année, il me manque quelque chose pour être bien avec les professionnels. Le niveau est très haut et si tu ne nages pas super bien, tu sors déjà loin derrière et ce n’est pas possible de rattraper.
Il faut être au top dans les trois disciplines. Je faisais de bonnes performances mais je finissais dans le dernier tiers du classement. Au final je préfère participer en non-licencié en étant devant, la dynamique est meilleure. Et il y a plus de courses à disposition en amateur. Le calendrier des courses Ironman pro est plus restreint et demande de longs déplacements à l’étranger. Mais c’était une bonne expérience.
Les résultats de 2023 ne me permettaient pas de reprendre la licence pour 2024. Mais je ne l’aurais pas reprise de toute façon. Cette année j’ai fait deuxième à Rapperswil, sur un semi Ironman. Et puis un Ironman moyen à Thoune car j’étais malade mais une belle performance en septembre en Italie où j’ai battu tous mes records dans les trois sports. Un chrono de 8h38 ce qui est une référence pour moi avec un marathon en 2h57.
Comment on se remet d’un Ironman, quel est le temps de récupération?
Ça dépend pas mal de la charge d’entraînement. Tu récupères bien plus vite si tu es bien entraîné. J’ai mis deux mois à me remettre de mon premier Ironman. Maintenant deux semaines un peu plus tranquilles me suffisent à récupérer. Il y a une usure mentale aussi, notamment après Hawaii, avec le voyage, la pression.
La charge d’entraînement induit aussi une fragilité. On est plus sensible aux refroidissements et aux virus hivernaux.

Vous êtes plutôt spécialisé dans les triathlon longue distance, Ironman et Ultra Trail. Les triathlons olympiques (1,5 km de natation, 40 km de vélo et 10 km de course) ne vous suffisent pas?
Je fais aussi chaque année des semi-Ironman et des distances olympiques. Cette année j’ai fait le triathlon de Nyon où j’ai été champion suisse de ma catégorie. Je participe aux triathlons de la Gruyère, de Sion… C’est un autre rythme et un autre effort. Il faut être à bloc du début à la fin.
Cette année j’ai aussi fait la National Ligue, qui est le Championnat suisse des courtes distances élite avec 750 m de natation, 20 km à vélo et 5 à pied.
Les triathlons offrent la possibilité de se qualifier pour les Jeux Olympiques. Ce n’est pas un objectif pour vous?
Je suis vieux, c’est trop tard (rires). Bien sûr que ça fait rêver. Malheureusement il me manque un peu de niveau en natation. En distance olympique, il faut sortir de l’eau tout devant pour prendre le peloton de tête en vélo. Si on est distancé et seul, on ne revient jamais sur les premiers.
Par contre en Ironman, on a pas le droit de prendre les roues, on doit respecter une distance de 12 m entre les vélos ce qui laisse à tous la même chance de refaire son retard dans la partie vélo.
Vous vous êtes marié récemment. Est-ce que vous aurez encore le temps et l’envie de partir en camps d’entraiment cet hiver?
Ma femme est hyper compréhensive, elle fait aussi du triathlon et beaucoup de Trail. C’est un mode de vie. Je travaille à 70% comme professeur de sport et de math et je m’entraîne 25 heures par semaine. Ça laisse peu de place à autre chose.

On s’entraîne parfois ensemble mais il faut garder des moments autres que le sport. Je vais donc partir deux fois une semaine en camp d’entraînement en Espagne cet hiver.
Quels sont vos objectifs pour 2025?
En ce moment je n’ai pas de coach. Je fais mes programmes d’entraînement moi-même. En 2025 je vais plutôt partir sur des distances semi-Ironman et olympiques. Ça va me permettre de gagner en vitesse et de voir jusqu’où je peux aller sur ce genre de distances. Fin 2025 il y aura justement les Championnats du monde de semi Ironman à Marbella en Espagne pour lesquels j’aimerais me qualifier. Tout cela pour revenir assez fort en 2026 sur les distances Ironman. Donc une année de transition pour gagner en vitesse!
Texte : Gilles Scherlé
Photos : Florent Ferrara