Emilien Badoux, le sportif à la zen-attitude

Le Sierrois brille sur tous les fronts entre snowboard, yoga et parapente. Il allie la compétition et la sérénité avec engagement et passion. 

Rencontre avec un sportif de haut niveau qui ride sur la vague du positivisme et du bonheur.

Emilien,  parlez-nous de votre parcours sportif, comment tout a commencé ?

Mon parcours sportif a commencé très tôt, avec une passion pour la montagne qui m’a été transmise dès l’enfance. J’ai grandi à Sierre, entouré par ces paysages magnifiques, et le snowboard est vite devenu une évidence pour moi. J’ai commencé à rider jeune, et au fil des années, cette passion s’est transformée en véritable engagement. J’ai eu la chance de progresser et de me faire une place dans le monde du freeride, où j’ai pu voyager dans le monde entier et concourir au plus haut niveau.

Avec vos multiples victoires à votre actif, on garde la tête froide ou on a la tête dans les étoiles ?

Un peu des deux ! Les victoires sont toujours des moments incroyables, mais elles ne doivent pas nous faire perdre pied. Dans le sport, comme dans la vie, il est essentiel de rester humble et ancré dans le moment présent.

L’erreur à ne pas faire, c’est de croire qu’on devient invincible et que la montagne va répondre à nos attentes. En réalité, c’est tout l’inverse. Il faut toujours remettre son ego à sa place, rester humble et respecter la montagne. Elle, elle sera toujours là. C’est à nous de savoir attendre et de revenir une autre fois, dans de meilleures conditions.

Vous êtes snowboardeur, vous faites du parapente et vous êtes prof de yoga. Comment conciliez-vous le stress de la compétition en gardant la sérénité ?

Le yoga et le snowboard peuvent sembler opposés, mais en réalité, ils sont très complémentaires. Le yoga m’a apporté une meilleure conscience de mon corps, de ma respiration et de mon état d’esprit. En compétition, il est facile de se laisser submerger par le stress et l’adrénaline, mais le yoga m’aide à garder mon calme et à me recentrer sur l’essentiel.

Avoir peur, au final, c’est une bonne chose, parce que ça nous pousse toujours à repousser nos limites . Et puis, quand on atteint son objectif, la satisfaction est encore plus grande, justement parce qu’on est passé par des moments difficiles, avec des nœuds au ventre. Avec l’expérience et le professionnalisme, on apprend même à apprécier cette peur, ce stress. Parce que si on ne ressent plus rien, c’est peut-être qu’on n’a pas assez poussé le bouchon. Comme le dit Mike Horn : “Si ton rêve ne te fait pas peur, c’est qu’il n’est pas assez grand “

À chaque vol en parapente, j’ai toujours cette petite boule au ventre au moment du décollage. Et c’est justement elle qui me garde en vie.

Est-ce que vous vous seriez vu dans un autre milieu sportif que le snow et le parapente ?

Je pense que je suis un athlète qui a la chance d’être à l’aise avec tous les éléments. J’aime la neige, l’eau, l’air, mais aussi la roche et la terre, notamment grâce à mon second métier de paysagiste. Je crois vraiment être né au bon endroit, et il était inévitable que je me tourne vers ces sports pour m’épanouir.

Je pourrais dire que dans ma jeunesse, le sport que j’ai pratiqué m’a littéralement sauvé. Sans ça, je pense que j’aurais pu me laisser entraîner dans des dérives malsaines, en restant dans un milieu urbain, en sortant trop le soir… Mais grâce à la montagne et à ma passion, j’ai eu la chance de vivre des moments incroyables tout en ayant une jeunesse normale où l’on teste les limites et grandit en faisant sa propre expérience.

Pourquoi et pour qui enseignez-vous le yoga ?

J’enseigne le yoga depuis que j’ai arrêté la compétition, en 2016. J’ai toujours pratiqué cette discipline pour méditer et s’équilibrer physiquement et j’ai senti que le moment était venu de la partager avec les autres. J’avais déjà environ vingt ans de pratique , mais enseigner, c’est recommencer à zéro. Les années d’expérience comptent vraiment à partir du moment où l’on enseigne.

Le yoga est un outil formidable, que l’on soit sportif de haut niveau ou simplement à la recherche de bien-être. J’accompagne des athlètes, mais aussi des personnes de tous horizons qui veulent mieux gérer leur stress, améliorer leur souplesse ou tout simplement se sentir mieux dans leur corps et leur esprit.

Car après une bonne séance de yoga, on se sent vraiment unifié. On vit pleinement l’instant présent.

J’aime beaucoup cette métaphore de mon maître de yoga au Mexique qui disait qu’il y a trois façons de voir un coucher de soleil. La première, la plus répandue, c’est de se dire : “Ah, super, je vais prendre une belle photo pour montrer à tout le monde la chance que j’ai d’être là.” La deuxième, c’est de se dire : “Quelle chance j’ai d’être ici et de voir ce coucher de soleil”, mais avec une sensation de séparation entre le coucher de soleil et soi-même. Et la troisième, l’ultime, c’est celle qu’on peut vraiment expérimenter grâce au yoga, où il n’y a plus de séparation entre le coucher de soleil et soi-même.

Votre plus belle victoire sportive et son contraire, c’était où et quand ?

Ma plus belle victoire, c’est sûrement mon titre de champion du monde de freeride en 2014 à Verbier.

C’était l’aboutissement de beaucoup d’années d’efforts et de passion. Quant au moment le plus difficile, il y en a eu plusieurs… Les blessures, les chutes, les compétitions où tout ne se passe pas comme prévu. Mais ces échecs font partie du jeu, et ils permettent de grandir.

Je pense que la plus répandue, c’est cette sensation liée aux sports extrêmes, un peu comme une addiction. On atteint un sommet, un pic, un peu comme une grande vague, et puis forcément, après ça, il y a la redescente. Parfois, on se retrouve coincé dans les rouleaux, avec un peu la tête sous l’eau.

L’échec aide à se relever ou c’est un frein pour la suite de la carrière pro ?

L’échec est une formidable opportunité d’apprentissage. Sur le moment, ce n’est jamais facile à accepter, mais avec du recul, on se rend compte que ce sont ces expériences qui nous font progresser. L’important, c’est de ne pas se laisser abattre et de toujours chercher à en tirer quelque chose de positif.

À chaque fois qu’une mauvaise expérience m’est arrivée, elle a été suivie d’une maturité et d’un changement que je n’aurais pas vécus autrement.

Disons que souvent, on a besoin de l’échec pour se réveiller. Mais à force de passer par ces étapes où l’on touche le fond, on apprend à anticiper et à mieux gérer tout ça. Du coup, ces hauts et ces bas, ces remous de la vie, commencent à se calmer, et petit à petit, on parvient à trouver un équilibre dans ce monde où les contrastes sont omniprésents.

Quels sont vos objectifs et projets pour les années à venir ?

Je veux continuer à explorer, à transmettre et à profiter de la montagne !!

Je suis maintenant papa et c’est une nouvelle expérience pour moi. J’ai l’impression de réapprendre des choses et de me lancer dans un nouveau défi. Je pense qu’avoir un enfant est l’une des plus grandes aventures de la vie.

Grâce au yoga, j’ai appris à m’écouter, et aujourd’hui, mon objectif ultime est de pouvoir continuer à faire ce que j’aime le plus longtemps possible, tout en restant en bonne santé. Je remercie le yoga de m’avoir permis de rester en forme et de vivre pleinement ces moments dans la montagne . J’espère un jour pouvoir transmettre cela à ma fille.

Vous en trois mots ?

Passionné, libre, équilibré

Texte : Stéfanie Rossier

Photos :Yoga et portraits Crédit W hotel Verbier et Snowboard 

Sebastien Baritussio

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