La course en montagne a son lot de défis, mais pour Dorian Marchal, la plus grande aventure de l’année a eu lieu en avril, avec l’arrivée de sa petite fille.
Quelques mois plus tard, un autre événement majeur a bouleversé son quotidien : sa sélection pour les championnats du monde à Canfranc, en Espagne. Cet athlète au profil atypique, à la fois père de famille et compétiteur de haut niveau, partage ses réflexions sur ce qui représente, pour lui, bien plus qu’une simple course.
Une fierté personnelle et un défi familial
La nouvelle de sa sélection est venue comme une reconnaissance inattendue. Dorian Marchal confie avoir toujours rêvé d’atteindre ce niveau, mais il ne pensait pas que cela se concrétiserait aussi vite, surtout dans un contexte où son temps et son énergie sont partagés entre sa passion et ses nouvelles responsabilités familiales. « C’est une immense fierté de pouvoir représenter mon pays, j’avais envisagé d’atteindre ce niveau un jour, mais je ne pensais pas que ce serait pour cette année, notamment avec mon entraînement et mon temps de sommeil réduits avec l’arrivée de notre petite fille en avril », explique-t-il. Loin d’être un frein, cette situation a renforcé sa détermination et sa confiance. Il se sent serein et heureux, une sérénité qui se reflète même lorsque sa forme physique connaît des variations. Cette sélection est donc bien plus qu’une simple performance sportive : c’est la validation d’un équilibre de vie exigeant, mais réussi.

L’intelligence stratégique face à un parcours technique
Le parcours de Canfranc, réputé pour son profil technique et ses dénivelés abrupts, nécessite une préparation minutieuse. Dorian Marchal ne laisse rien au hasard et se pose des questions stratégiques fondamentales, comme l’usage de bâtons de course. Un dilemme qui illustre sa réflexion tactique : « Je suis toujours hésitant à prendre les bâtons pour la course, car ils aideraient beaucoup pour la première partie du parcours, notamment la première longue montée très raide sur la fin ». Il reconnaît que leur utilisation demande une adaptation du haut du corps, et que la gestion de leur rangement et de leur sortie serait une contrainte supplémentaire en descente. Cependant, cette option pourrait s’avérer payante en lui permettant de conserver de l’énergie pour un sprint final.
Pour préparer son corps aux exigences du parcours, il mise sur son environnement direct. « J’ai la chance d’avoir des chemins très variés autour d’Ollon, donc j’en profite notamment pour me préparer musculairement et articulairement aux descentes qui auront une importance cruciale le jour de la course », précise-t-il. Cet entraînement ciblé est la clé pour éviter les blessures et maintenir sa performance sur la durée.

Le respect de l’élite et la fierté nationale
Confronté à l’élite mondiale, Dorian Marchal ne ressent pas une pression nouvelle. Fort de ses expériences passées sur les circuits des Golden Trail Series et de l’UTMB, il connaît déjà la plupart de ses adversaires. Pour lui, la motivation est d’ordre personnel et national.
Il y aura clairement la motivation de faire bonne figure face à mes coéquipiers, mais aussi ceux de l’équipe de France (comme je suis binational), c’est clairement une question de fierté », avoue-t-il. Cette double appartenance culturelle ajoute une dimension supplémentaire à son désir de briller et de montrer son potentiel face aux meilleurs. Cette approche lui permet d’aborder la course non pas avec un sentiment d’écrasement, mais avec une énergie positive qui le poussera à se dépasser.
Plus qu’un classement : le rêve d’un avenir professionnel
Si le classement est une mesure objective de sa performance, le succès ultime pour Dorian Marchal se situe au-delà des chiffres. Son objectif numéro un est de contribuer au succès collectif : « mon objectif principal est de ramener une médaille par équipe pour la Suisse, car je veux vraiment apporter ma contribution au collectif et je crois aussi qu’on a une équipe très solide ».

Il ne cache pas non plus ses ambitions personnelles. Il espère que sa performance à Canfranc servira de tremplin pour l’avenir, en lui apportant « une motivation encore plus grande pour me dépasser dans le futur ». Son aspiration est claire et mesurée : « j’ai l’ambition de terminer devant un maximum de coureurs professionnels ». Si ses résultats sont à la hauteur de ses espérances, il ne fermerait pas la porte à une opportunité de se professionnaliser, ce qui donnerait un nouveau souffle à sa carrière. Pour Dorian Marchal, la course de Canfranc n’est donc pas seulement une étape, mais un moment charnière qui pourrait sculpter son avenir d’athlète.
Texte : Stéfanie Rossier
Photos :Jean-Marc Perriot, Anthony Felber, Hörnli trail 1133 Marco Chesi