Une nouvelle structure de formation pour jeunes footballeurs s’est créée dans le Chablais. À l’origine de cette initiative se trouve un ancien jeune joueur de Bex, Anthony Tagan.
Anthony Tagan, vous avez fondé en 2020 l’Association Contrôle Orienté. Quels sont les buts de cette association ?
Le but est de soutenir les jeunes footballeurs talentueux de notre région grâce à un accompagnement de coaching individuel. Nous rencontrons les jeunes une heure par semaine, gratuitement, pour leur donner un petit plus et leur permettre d’accéder aux différents niveaux du football suisse.

Quel est votre parcours personnel dans le monde du football ?
J’ai dû arrêter très tôt à cause de blessures. Mais j’ai grandi dans le football grâce à mon papa, qui était entraîneur à Bex. J’ai moi-même commencé à entraîner très tôt. À 19 ans, j’avais déjà une équipe à Bex et j’ai pu rencontrer des joueurs avec qui j’ai créé un lien particulier et toute une histoire, jusqu’au milieu professionnel. C’est ma passion et c’est pour cela que j’ai fondé cette association. Je n’avais pas non plus le niveau pour faire carrière comme joueur. Par contre, transmettre et faire évoluer quelqu’un me tient très à cœur. C’est très gratifiant, et avec ce format de coaching individuel sur plusieurs années, on crée des affinités très fortes.
Vous proposez un coaching individuel gratuit. Je suppose que vous avez des sponsors et des partenaires ?
On fonctionne comme un club sportif, sans cotisation. Nous sommes soutenus par des partenaires, des sponsors et des ambassadeurs. Nous venons de terminer un partenariat de trois ans avec la société Realsport. Nous sommes toujours à la recherche de soutien.
Nous avons décidé de proposer du coaching gratuit pour plusieurs raisons. D’abord, cela nous permet de sélectionner nos joueurs. Nous nous concentrons sur des jeunes qui ont un « truc » en plus et qui peuvent prétendre au plus haut niveau. Cela permet aussi de travailler sur une longue durée, plusieurs années, et d’obtenir des résultats concrets. Tous les parents n’ont pas les moyens d’investir sur une si longue période.

Vous accompagnez des joueurs âgés de 10 à 16 ans. Combien avez-vous de jeunes en ce moment et quelle proportion de filles ?
Nous avons commencé il y a un an un projet pilote avec trois jeunes filles. Au total, nous suivons 35 jeunes, donc environ 10 % de filles. Sur les 35, 27 viennent chaque semaine. Les autres sont encadrés ponctuellement durant les pauses scolaires.
Vous organisez des camps de vacances ?
Nous n’organisons pas de camps. On nous l’a beaucoup demandé, mais nous préférons nous concentrer sur le coaching individuel. Il y a déjà beaucoup de camps disponibles.

Contrôle Orienté est basé à Bex. Vous êtes actifs dans quelle zone géographique ?
Nous travaillons avec des jeunes venant de Lausanne jusqu’à Sion. Ils viennent dans notre infrastructure à Bex. Nous nous déplaçons aussi à Montreux ou à Massongex, mais les entraînements se déroulent principalement à Bex, dans une halle aménagée spécialement pour l’entraînement individuel, avec une technologie et des outils particuliers. On joue parfois au foot-tennis ou au Teqball, mais nous nous concentrons surtout sur la répétition de gestes. Nous avons par exemple des murs à 360 degrés ou des capteurs lumineux qui permettent de recréer des stimuli similaires à ceux d’un match.
Il vous arrive d’aller voir des matchs pour détecter de jeunes pépites. Quels sont les critères qui vous intéressent ?
Nous suivons nos joueurs en match le week-end, et nous observons également pour la détection. Le critère principal, c’est de repérer ceux qui aiment le ballon plus que les autres. À dix ans, certains ont déjà une habileté incroyable, et cela passe souvent par le temps passé avec le ballon en dehors des entraînements. Ce sont ces jeunes qui tapent la balle contre le mur de leur maison, qui jouent avec leurs amis. Ces talents-là sortent naturellement du lot.

Nous recevons tous les jeunes et leurs parents qui nous contactent pour faire un test, nous ne fermons la porte à personne. Par contre, la gratuité nous permet de refuser les cas où l’intention des parents semble trop marquée — quand ils ont un projet de carrière pour leur enfant, alors que le jeune n’a pas forcément le talent, la motivation ou les capacités. Certains parents se projettent beaucoup dans leur enfant et veulent en faire un professionnel. Nous estimons que c’est relativement malsain.
Vous formez de jeunes joueurs, mais formez-vous également des entraîneurs ?
L’entraînement individuel est en plein essor et beaucoup d’entraîneurs viennent voir comment nous travaillons pour apprendre nos techniques. Nous les conseillons, et ils peuvent ensuite les appliquer dans leurs équipes.

Certains de vos protégés jouent maintenant à un haut niveau. Avez-vous quelques exemples ?
J’ai commencé cette aventure grâce à une expérience avec un joueur qui est aujourd’hui professionnel. Cela m’a donné envie d’être plus proche d’autres jeunes joueurs. J’ai commencé il y a six ans avec des enfants de dix ans. Ils ont aujourd’hui seize ans et ne sont pas encore au plus haut niveau, mais j’espère pouvoir vous donner plein de noms d’ici une dizaine d’années (rire). Pour l’instant, ils sont encore jeunes et en devenir.
Nous avons aussi 4 ou 5 joueurs professionnels de l’équipe de Suisse et de Super League qui sont venus chez nous pour des entraînements spécifiques. Cela nous offre une réputation intéressante à mettre en avant.
Interview : Gilles Scherlé
Photos : Archives Association Contrôle Orienté