Le jeune judoka Gingolais de 18 ans vient de remporter le titre de Champion Suisse en U21. Retour sur un début de carrière plus que prometteur.
Stevan Maitin, vous étiez il y a quelques jours aux Championnats suisses à Yverdon. Comment ça s’est passé pour vous?
J’ai remporté le titre de Champion de Suisse dans la catégorie U21. C’était un peu compliqué en raison de la perte de poids nécessaire pour m’aligner en moins de 66 kg. Je fais un peu plus et je dois perdre quelques grammes avant la compétition. J’aurais aussi pu combattre en élite, mais comme ma saison est déjà assez chargée, j’ai préféré ne pas prendre le risque. Et garder le poids sur deux jours est assez difficile.
Après votre magnifique 5ème place aux Championnat d’Europe U21 en Estonie vous avez participé au Championnats du monde en octobre dernier. Une belle expérience?
C’était mes premiers Championnats du monde et c’est toujours une belle expérience. Le Tadjikistan est un très joli pays et le Judo y est le sport national. Il y avait donc énormément d’ambiance dans la salle. J’ai beaucoup appris et ça me fait de l’expérience pour la suite. J’aurais préféré un meilleur résultat mais en étant en première année Junior, c’est déjà bien d’avoir participé aux Championnats du monde.

Quel a été votre parcours, notamment au sein de l’École de Judo de Collombey-Muraz (EJCM)?
J’ai commencé le Judo à l’âge de quatre ans. Je faisais beaucoup de tournois quand j’étais petit avec mon père, qui était dans l’équipe suisse, ce qui m’a permis de progresser rapidement et de devenir assez fort au niveau national. Dès mon arrivée en U18, j’ai participé aux Coupes d’Europe. La première ne s’est pas très bien passée. Mais lors de la deuxième j’ai obtenu une cinquième place. C’était à Bucarest en 2021, j’avais quinze ans. C’est un résultat assez remarquable à cet âge. J’ai ensuite participé aux Championnats d’Europe. Et les années suivantes j’ai toujours obtenu des médailles en Coupe d’Europe.
Allez-vous rester à l’EJCM lorsque vous serez en élite? Comment voyez vous votre avenir proche?
Je pense rester à l’EJCM, après ça peut évoluer; je pourrais avoir des propositions d’autres clubs. Je combats aussi pour Team Genève en LNA tout en restant au sein de l’Ecole de Collombey-Muraz. Le Judo coûte quand même beaucoup d’argent et je suis en train de faire un dossier de sponsoring. Une saison, avec ses nombreux déplacements, revient à 15’000.- et le club peut me soutenir un peu mais c’est difficile.

Est-ce qu’en Suisse on peut devenir un judoka professionnel?
Il y a des gens qui font que du Judo mais sans forcément gagner de l’argent. Ils sont soutenus par des sponsors. Mais ils se comptent sur les doigts d’une main. Après avoir fini mon école de commerce, je pense aussi me consacrer uniquement à mon sport pendant un certain temps.
Et en dehors du Judo, il y a de la place pour autre-chose?
Je suis en formation à l’école de commerce de Martigny en sport-étude. Je suis très pris avec le Judo mais si j’ai un week-end sans compétition ou des vacances, j’essaie de profiter un maximum de sortir avec mes amis.
Le Judo ce n’est pas que le combat. Est-ce que la dimension spirituelle de ce sport, liée au Japon, vous intéresse?
Le Judo est basé sur un code moral. Il y a de belles valeurs comme le respect, l’amitié et une éthique qui font du Judo un beau sport et une école de vie. Et cela m’intéresse évidemment. Mais ce qui m’intéresse le plus c’est quand même la combativité. J’aime cette mentalité où il faut se battre pour gagner. Je suis allé au Japon où j’ai eu l’occasion de combattre avec des Japonais assez forts. Les entraînements là-bas sont très durs. Les entraîneurs travaillent un peu à l’ancienne avec parfois des coups de bâton qui partent.

Vous êtes le fer de lance de l’EJCM, un club qui rencontre beaucoup de succès avec ses jeunes. Comment vous expliquez cette réussite? Une bonne entraîneuse?
Diana Chabron, notre entraîneuse, est très investie avec les jeunes. Maintenant je m’entraîne moins au club car j’y ai peu de partenaires, donc je suis moins avec Diana. Mais elle transmet sa passion aux plus petits et elle les fait voyager, participer à des tournois en Europe et ça explique ces bons résultats.
Propos recueillis par Gilles Scherlé
Photos: Archive personnelles de Stevan Maitin