ATLET, une structure qui amène de jeunes triathlètes au top niveau

L’Association Team Léman Espoirs Triathlon (ATLET) soutient un groupe de jeunes triathlètes dans le but de les amener vers les cadres élites de Swiss Triathlon.

 Entretien avec Alain Schmutz, président et responsable technique d’ATLET. 

Alain Schmutz, vous êtes physiothérapeute, entraîneur avec brevet fédéral et diplômé Elite Swiss Olympic. Vous avez fondé L’Association Team Léman Espoirs Triathlon (ATLET). En quelle année et dans quel but? 

Historiquement existait le Triathlon Club Vevey Riviera, avec au départ une section adulte. Ensuite l’arrivée du Kids’triathlon, organisé sur la Riviera, a créé une certaine émulation et une demande de la part des parents. 

Ce qui nous a poussés, en 2005, à créer une section jeunesse au sein du club qu’on a appelée Triviera Kids. J’étais à ce moment-là coach romand pour Swiss Triathlon et j’étais sollicité par de jeunes athlètes venant d’autres clubs qui désiraient un entraînement personnalisé. 

Parallèlement nous avions des ados au sein du Triviera Kids qui arrivaient à un niveau pour lequel la structure du club ne suffisait plus. C’est donc en 2011 que j’ai créé ATLET, une structure indépendante. Le but est d’encadrer les jeunes qui sortent du niveau junior et qui n’ont juste pas encore le niveau pour les cadres élites. On comble un vide pour des jeunes dans la tranche d’âge 18 – 23 ans. Certains jeunes sont restés dans la structure, avec des prestations un peu différentes. Actuellement le plus âgé, Adrien Briffod, a 30 ans.

Combien de jeunes athlètes sont sous votre protection? 

On s’était fixé entre cinq et huit. Actuellement on en a six. Les clubs de triathlon forment des jeunes. 

Qu’est-ce qu’ATLET offre en plus? 

Idéalement ce doit être une continuité du travail formateur des clubs. A un certain moment leur infrastructure est limitée. On a des sponsors matériels avec notamment Scott, ce qui permet d’équiper les jeunes qui manquent de moyens. On les soutient pour trouver des solutions de sport-étude et des aménagements professionnels. 

On assure un suivi médical et nutritionnel. Ceci dit, il y a parfois des problèmes de jalousie et de coordination avec des clubs qui pensent qu’on va leur prendre leurs athlètes. L’idéal serait que les gens mettent leur égo de côté et que tout le monde tire à la même corde. 

Quels sont les résultats marquants que vous avez obtenus? 

On a eu des podiums sur des Coupes d’Europe junior, des participations aux Championnats d’Europe et du Monde. Adrien Briffod a été un peu le fer de lance du Team. Il a gagné une Coupe du Monde, a terminé plusieurs fois dans les dix premiers des séries mondiales et s’est qualifié pour les Jeux Olympiques de Paris. On a eu une 5e place de Pierre Moraz aux Championnats du Monde universitaires. Quelques médailles au niveau mondial en Aquathlon (natation et course à pied) et en Cross Triathlon (version vtt). 

Les jeux Olympiques, avec leur dimension politique et leur démesure, sont-ils toujours un objectif pour les jeunes athlètes? 

Je pense que les Jeux Olympiques restent un objectif prioritaire, en tout cas dans un sport comme le nôtre. Tout est un peu organisé pour les Jeux. On est dans des cycles de quatre ans. Les contrats avec les sponsors sont signés l’année suivant les JO. En tant qu’entraîneur on a une vision sportive de la chose. Evidemment les JO sont un gros business mais il faut relativiser sinon on arrête tout. On veut avant tout proposer une activité saine à ces jeunes et les amener le plus loin possible. Et les Jeux sont toujours un rêve pour eux. 

Les ultra-triathlon et autres Ironman font-ils rêver vos jeunes triathlètes? 

Ce sont deux sports et deux circuits différents. Les Ironman sont gérés par des fédérations indépendantes qui font un gros business avec ça. Ce ne sont pas les mêmes instances que pour le Triathlon courte distance, qui amène, par exemple, aux Jeux Olympiques. 

Mais le niveau est tellement élevé que certains athlètes se tournent vers les longues distances et les Ironman qui permettent plus facilement de compenser un déficit dans l’une des trois disciplines, la natation en particulier. Le cyclisme féminin se développe et est de plus en plus médiatisé. 

Qu’en est-il du triathlon féminin? 

La proportion femmes/hommes est assez équilibrée. A notre échelle du Team nous avons eu une majorité de garçons mais il y a eu des périodes, comme actuellement, où les filles sont plus nombreuses avec quatre filles et deux garçons. La relève est très féminine avec par exemple 80% de filles au Triviera Kids. 

C’est l’avantage d’un sport qui n’est pas très ancien – les premiers triathlons datent des années huitante – il a tout de suite été accessible aux deux genres. Ce n’était pas le cas de la course à pied, du foot ou du cyclisme, sports masculins par tradition. 

Jusque dans les années septante, on interdisait même certaines pratiques sportives aux femmes, prétextant que c’était dangereux pour leur santé. Aujourd’hui par contre les programmes d’entraînement sont différents; on doit tenir compte des différences physiologiques et psychologiques entre filles et garçons. 

En tant qu’entraîneur et physiothérapeute, que pensez-vous de la tendance actuelle aux courses de longue distance par exemple l’UTMB ou le Swiss Peaks avec ses 700km?  Quelles sont les limites?

Personnellement je ne suis pas fan de ces longues distances. Ce qui me dérange dans ces distances extrêmes c’est qu’on veut toujours plus, une surenchère qui amène forcément des problèmes, des blessures etc. On fait miroiter aux gens via les réseaux que faire des Ultra Trail c’est génial et ils se lancent sans être suffisamment préparés. A l’époque on avait un grand respect pour le marathon et ses 42 km. C’était l’objectif ultime qu’on pouvait atteindre après plusieurs années de pratique. Aujourd’hui le simple marathon est devenu banal. En tant que physiothérapeute je vois des gens blessés qui ont voulu faire un Trail conséquent six mois après avoir commencé la course à pied. Fatalement, si on ne respecte pas une certaine progression dans la préparation, on va vers des blessures.

 Est-ce que vous pratiquez vous même le triathlon?

J’ai fait du triathlon à un niveau moins élevé que les jeunes que j’entraîne, mais ne pratique plus la compétition depuis longtemps. Enfant, j’ai tâté la voltige équestre, un peu de judo, huit ans de foot puis, à l’âge de quinze ans j’ai commencé l’athlétisme en me spécialisant dans le demi-fond, sur 800 m. 

Je participais déjà au triathlon de Vevey, mais sans vraiment bien nager. J’étais content quand je sortais « enfin » du lac (rires). Je faisais souvent des trajets à vélo et je nageais avec des amis. Ce qui m’a orienté vers le triathlon. 

Mais j’aime le ski de fond, de piste et de randonnée, le tennis, le basket, etc… Je suis un adepte du multisports, comme mes deux collègues entraîneurs au sein du Team (Laurent Vouilloz et Jean-Luc Wieland). Je suis convaincu, en tout cas pour les jeunes, que varier les disciplines est excellent pour leur développement. Le sens du jeu et de bonnes facultés de coordination permettent ainsi de plus facilement acquérir les aspects techniques dans d’autres disciplines. 

On n’entraîne pas les jeunes comme des adultes. Une des raisons qui fait que des jeunes arrêtent à l’adolescence est qu’ils en ont marre. Un entraînement plus ludique, avec des jeux de balle, des estafettes, des courses d’orientation, etc… serait plus indiqué que les « tours de terrain ». Le résultat est le même, mais avec des enfants qui rigolent et qui ont du plaisir !

Texte : Gilles Scherlé

Photos : Alain Schmutz.

Vous souhaitez devenir partenaire ?

Comment Nous Rejoindre ?

Si vous partagez notre passion pour le sport, notre engagement envers la jeunesse et nos valeurs, nous vous invitons à nous rejoindre. Vous pouvez devenir membre de notre association, bénévole, sponsor, ou simplement suivre nos activités et partager notre contenu sur les réseaux sociaux.

L’Association Planete-Sports est déterminée à faire une différence positive dans la vie des jeunes à travers le sport. Nous espérons que vous vous joindrez à nous dans cette aventure passionnante.