A l’école de la glisse

Brigitte Balmain est professeur de patinage artistique en Valais depuis plus de trente ans, d’abord à Monthey puis à Sion elle a vu défiler de petites têtes blondes ravies de patiner pour le plaisir et aussi celles qui se destinent à la compétition. Rencontre off-ice avec une passionnée de la glace depuis sa tendre enfance.

Elle ne se doutait pas, quand petite fille de quatre ans elle passait curieuse devant cette immense patinoire aux palissades striées de lignes bleues et blanches de Grenoble, que toute sa vie allait en être imprégnée. Avec son papa qui lui en ouvrit les portes, elle entra confiante dans le monde magique de la glace et laissa les lames de ses patins la guider. Brigitte Balmain a très vite été prise à l’école de glace de la ville, ce qui lui a permis de poursuivre l’école, puis les études en parallèle de l’apprentissage de son sport. Elle a su d’emblée ce qu’elle voulait : patiner et surtout pouvoir transmettre aux jeunes les bases du patinage. Elle voulait faire découvrir aux jeunes sa passion telle qu’elle l’avait connue et éprouvée. Le crissement des lames, le froid intense de la patinoire, l’élan nécessaire pour exécuter ses programmes truffés de pirouettes et de sauts magiques : le bonheur d’être patineuse artistique quoi ! Beaucoup de jeunes en rêvent aussi aujourd’hui. Pourtant il y a tant à dire sur le dur labeur et tout le travail qui se cache derrière ces quelques minutes de pure émotion qui se dégage des programmes courts et longs présentés lors des compétitions. Un parcours que Brigitte Balmain, professeur de patinage artistique au club de Sion depuis 20 ans maintenant, et 13 ans à Monthey auparavant, ne connait que trop bien. Elle accompagne chaque élève avec enthousiasme et soleil au cœur.

Le groupe « Suisse » avec de gauche à droite: Laurianne Gay, Giulia Constantin, Manon Roduit, Kristeya Bliznakova (accroupi).

Photo: Brigitte Balmain.

Tout débute très jeune.

« Tout se joue très jeune, entre 4 et 7 ans il faut déjà être au taquet et s’investir à fond pour un jour avoir assez de kilomètres de glace dans ses bottines. Plus tôt on commence, plus on a de chances de devenir une compétitrice de haut niveau, mais il faut aussi le physique pour et une famille disponible et capable de suivre financièrement », explique Brigitte. Elle ne transige pas, comme en tout sport dès que l’on passe le stade de l’amateur éclairé et du hobby du dimanche, il n’y a pas de miracle. Travail, discipline, volonté de fer sont les premiers ingrédients d’une future championne, ensuite il faut aussi être douée, avoir du talent et une certaine présence sur la glace. « Actuellement il y a par exemple Giulia Constantin qui a tout ça du haut de ses 13 ans. Sans surprise elle s’est d’ailleurs
présentée aux championnats suisses à Lugano U13 avec un super résultat. Pour son premier championnat suisse elle voulait être dans les 15 premières et elle finit 14ème», explique sa professeure.

Le groupe « Romand » avec de gauche à droite: Laurianne Gay, Giulia Constantin, Manon Roduit, Kristeya Bliznakova, Axelle Evequoz et Alessandria Genoud.

Photo: Brigitte Balmain

Du tac au tac au bord de la glace avec Brigitte Balmain.

Brigitte que pensez-vous du niveau de patinage artistique féminin actuel au niveau international?
Alors c’est vrai que quelque part athlétiquement, sportivement, c’est incroyable de voir tous ces quadruples sauts (quads). Mais c’est forcément au détriment de l’artistique. Pour aller chercher un quad ou une combinaison triple-triple il faut tellement d’élan ! Elles traversent toute la piste que pour ça. Et dans leur tête, il n’y a que cette obligation de marquer des points à tout prix avec les sauts, oubliant le programme.


Et chez les hommes ?

Je sais qu’ils préparent les quintuples et les sauts périlleux ne sont pas loin,
même s’ils sont encore interdits et pénalisants.

Quelles en sont les incidences sur le patinage suisse ?

Nous les enseignants suisses (eh oui je suis devenue non seulement suisse, mais carrément sédunoise) nous en subissons les conséquences. On ne pense qu’aux rotations, l’apprentissage doit aller vite et on néglige les bases même du patinage.
Pour moi la logique qui veut qu’on commence par les bases pour accéder ensuite aux éléments techniques difficiles est chamboulée.


Le matériel suit-il ?

Evidemment, on donne du matériel hyper sophistiqué, des lames ultra légères, à
des personnes qui ne savent pas forcément patiner, juste pour leur permettre de sauter et tourner plus vite. Personnellement je trouve que ça pose un problème de qualité de patinage chez nos jeunes.

Quelle est votre méthode ?

Je cherche d’abord à poser les bases solides. Ce n’est pas une technique particulière et même si on suit de moins en moins le spécialiste suisse « Gerschwiler », moi j’y crois.
Je demande rigueur, discipline, respect, entraînement et pas trop de moments ludiques… difficile à imposer ce point de vue quand le plaisir prime sur tout le reste. Je dis tout ceci sachant que de nos jours, les jeunes et les parents veulent des résultats rapides et sans faire d’efforts… ça fait peur.


Vous préconisez le off-ice ?

Oui au fil des années la préparation hors glace a pris une grande importance dans les entraînements, on utilise les spinners pour apprendre à s’élancer dans la rotation et les centrifugeuses électriques pour se familiariser avec les rotations. Ici à Sion on en a bien-sûr une, comme chez les championnes russes et autres Chinoises.


Préparer des championnes c’est un travail d’équipe ?

J’ai des coachs qui me secondent, il y a une chorégraphe et la responsable de la préparation physique, car j’ai 15 élèves qui font de la compétition actuellement. Et il y a de la concurrence au niveau suisse, des petites jeunes qui en veulent ! Heureusement d’ailleurs, c’est une saine émulation.

Les patineuses valaisannes sont-elles aidées au niveau sport-études ?

Ce n’est pas facile, il faut déjà avoir des résultats et encore… une jeune fille de 15-16 ans qui a une passion risque d’être cassée si les établissements scolaires ne lui donnent pas la possibilité de s’entraîner. Et encore même là, s’ils la suivent, ce n’est pas gagné, car quand enfin on lui donne des heures libres ça se peut très bien qu’il n’y ait pas de glace disponible dans ces créneaux-là et vice-versa.


De quoi vous étonnez-vous ?

A 63 ans je m’accroche, car je réalise que l’évolution du monde environnant ne suit pas ma ligne de travail. Il y a un grand manque de rigueur en tout point. Mais j’arrive encore à m’émerveiller de voir mes jeunes motivés et heureux de patiner. C’est essentiel,
c’est mon moteur, si non je peux jeter mes patins au Rhône… (rires sincères de la professeure qui s’éloigne déjà pour rejoindre ses élèves sur la glace).


Texte: Andrea Zollinger

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